Étiquette : Arturo Toscanini

Arturo Toscanini – NBC Symphony Orchestra
Beethoven Symphony n°6 Op.68
Carnegie Hall – March 7, 1954 Source: Bande /Tape
Les deux dernières saisons (1952-1953 et 1953-1954) de Toscanini à la tête du NBC SO ont apporté deux modifications significatives.
Tout d’abord, le remplacement de Mischa Mischakoff par Daniel Guilet, membre de l’orchestre depuis 1944, en tant que Concertmaster a ouvert de nouvelles perspectives. Guilet était un musicien d’envergure, spécialiste de musique de chambre (Quatuor Calvet, Guilet Quartet) et il sera d’ailleurs peu après (en 1955) un des fondateurs du Beaux Arts Trio.
La deuxième modification était l’amélioration des techniques d’enregistrement chez RCA, avec le recours à moins de microphones (début 1953, la 9ème de Dvorak, la 9ème de Schubert et les Tableaux d’une Exposition de Moussorgski ont été enregistrés à Carnegie Hall avec un seul microphone). Les deux derniers concerts, le 21 mars et le 4 avril 1954, ont même été captés en stéréo expérimentale.
Début octobre 1953, le programme de la saison à venir a été annoncé et Toscanini a fait savoir depuis l’Italie que ce sera pour lui la dernière:
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NBC Chimes – October 1953
Très vite, RCA a adapté sa stratégie et le programme publié a été complètement revu pour utiliser uniquement les prises de son réalisées lors des répétitions et des concerts pour produire des enregistrements commerciaux qui manquaient à sa discographie, et ce d’autant plus que Toscanini, on le sait, n’a pas pu diriger les deux premiers programmes (8 et 15 novembre) pour lesquels il a été remplacé par Pierre Monteux, et que pour celui du 28 mars, il a invité Charles Munch à le remplacer. Les concerts annoncés initialement pour le samedi à 18h30 ont été reprogrammés le dimanche à la même heure, juste après la retransmission (14h30) du concert dominical du New York Philharmonic.
Programme initial du concert du 8 Novembre / Initial Program of the November 8 concert
Il a donc dirigé 11 concerts dont 8 ont servi en tout ou partie pour des enregistrements commerciaux (dans la liste ci-dessous, les œuvres ayant fait l’objet à cette occasion d’un enregistrement commercial sont soulignées). Si on met à part les deux derniers concerts qui sont notoirement très inférieurs au reste de la saison, il reste un joyau inédit, c’est la ‘Pastorale’ du 7 mars 1954, une grand réussite, fort bien captée, dans laquelle Toscanini se montre étonnamment détendu, voir euphorique, ou plus précisément ‘heiter’ comme Beethoven le préconise pour le premier mouvement.
Ce jour là, Cantelli dirigeait le NYPO et les deux chefs se sont retrouvés en concurrence radiophonique!
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22 Nov. 1953: Brahms: Tragic Overture Op.81; Strauss: Don Quixote (Frank Miller, cello – Carlton Cooley, viola)
29 Nov. 1953: Wagner: Tannhäuser Prelude Act III; Berlioz: Harold en Italie Op.16 (Carlton Cooley, viola)
6 Dec. 1953: Beethoven ; Coriolan Ouv.; Symphony n°3 Op.55
13 Dec. 1953: Moussorgsky: Khovantschina Prelude; Franck: les Eolides; Weber: Invitation à la Valse Op.65; Mendelssohn: Symphony n°5 Op.107 ‘Reformation’
17 & 24 Jan. 1954: Verdi: Un Ballo in Maschera (Pierce, Merrill, Nelli, Turner, Haskins, Moscona, Scott)
28 Feb. 1954: Mendelssohn: Symphony n°4 Op.90; Strauss: Don Juan Op.20; Weber: Oberon Ouv.
7 Mar. 1954: Beethoven: Leonore II Op.72b; Symphony n°6 Op.68
14 Mar. 1954: Vivaldi: Concerto grosso Op.3 n°11; Verdi: Te Deum; Boïto: Mefistofele Prologue Robert Shaw Chorale – Nicola Moscona The Columbus Boychoir (Boïto)
21 Mar. 1954: Rossini: Il Barbiere di Siviglia Ouv.; Tchaïkovsky: Symphony n¨6 Op. 74
4 Apr. 1954: Wagner Lohengrin: Prelude; Siegfried: Waldbeben; Götterdämmerung: Dämmerrung und Siegfrieds Rheinfahrt; Tannhäuser: Ouverture & Bacchanale; Meistersinger: Prelude
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Toscanini’s last two seasons (1952-1953 and 1953-1954) as Music Director of the NBC SO have brought two main changes.
Firstly, the replacement of Mischa Mischakoff by Daniel Guilet, member of the orchestra since 1944, as Concertmaster has opened up new perspectives. Guilet was a great musician, and his speciality was chamber music (Quatuor Calvet, Guilet Quartet) and he was soon to be (in 1955) one of the founding members of the Beaux Arts Trio.
The second change was an improvement in RCA recording techniques, with less microphones (at the beginning of 1953, Dvorak’s 9th, Schubert’s 9th and Mussorgsky’s Pictures at an Exhibition were recorded in Carnegie Hall with a single microphone). The last two concerts of 21 March and of 4 April 1954 were even recorded in experimental Stereo.
At the beginning of October 1953, the program for the season to come was announced and Toscanini, from Italy, let it be known that for him, it would be the last.
Very quickly, RCA adapted its strategy and the published program was thoroughly reconsidered to use only recorded material from the rehearsals and from the concerts to produce commercial recordings that were missing in his discography and all the more so, since Toscanini, as we know, was not able to conduct the first two programs (8 and 15 November) for which he was replaced by Monteux. and for the one of 28 March, he invited Charles Munch as a substitute. The concerts, initially scheduled on Saturdays at 6.30pm were moved on Sundays at the same hour, shortly after the Sunday broadcast (2.30pm) of the New York Philharmonic.
He thus conducted 11 concerts, 8 of which were used at least partly to make commercial recordings (in the above list, the works that led to commercial recordings that season are underlined). If we set aside the last two concerts that were notoriously very inferior to the others from this season, there remains an unpublished jewel, namely the ‘Pastorale’ of 7 March 1954, a great performance, and very well recorded, in which Toscanini is astonishly relaxed, even euphoric, or better said ‘heiter’ as Beethoven requests for the first movement.
That very day, Cantelli conducted the NYPO and both conductors had competing broadcasts!

Enregistré à Carnegie Hall le 2 février 1953
Bande BC-7 (19cm/s 2 pistes) publiée en 1954
Presque 60 ans après la création de cette œuvre les 15 & 16 décembre 1893 sous la direction d’Anton Seidl (1850-1898) dans cette même salle alors dénommée « Music Hall 7th Avenue and 57th Street » avant de devenir le célèbre « Carnegie Hall », Toscanini, qui a dirigé l’oeuvre dès 1898, nous en laisse un témoignage qui reste un fleuron de ses dernières saisons à la tête du NBC Symphony Orchestra.
A partir de 1952, RCA a modifié sa technique d’enregistrement, du moins en ce qui concerne Toscanini. La captation a été réalisée avec un seul microphone positionné environ 5 mètres au dessus du chef, la même technique que celle déployée à l’époque par d’autres firmes telles que Mercury ou Westminster. Il en résulte une perspective sonore et une dynamique naturelles que l’on n’avait pas l’habitude d’entendre dans ses disques et qui sont magnifiées par l’édition sur bande (19 cm/s, 2 pistes), laquelle surclasse les publications en microsillon et en CD, en restituant des subtilités de phrasé et de rythme que l’on pensait n’exister que dans l’enregistrement du concert du 31 janvier précédant cet enregistrement.
Extrait du texte de présentation du 33t. LM-1778
Nearly 60 years after the work was premiered on December 15 & 16 1893 under the direction of Anton Seidl (1850-1898) in the same Hall then called « Music Hall 7th Avenue and 57th Street » before it came universally known as the « Carnegie Hall », Toscanini, who performed the work as early as 1898, gives us a testimony which remains one of the main highlights of his last seasons with the NBC Symphony Orchestra.
As of 1952, RCA changed its recording technique, at least as far as Toscanini was concerned. This recording was made with a single microphone placed approximately 16 feet above the conductor’s head, namely the same technique as implemented then by companies like Mercury or Westminster. This accounts for a natural sound perspective and natural dynamics seldom heard before in his recordings and that are enhanced by the tape issue (7.5 ips; 2 tracks), which outdoes the LPs and CDs, unveiling subtilities of phrasing and of rhythm that were believed to exist only in the recording of the concert given shortly before on January 31.
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Je vous présente mes Meilleurs Vœux pour l’Année 2021 avec pour souhait que les concerts n’aient plus lieu devant des salles vides, mais aussi que, si on porte des masques, ce soient uniquement des masques vénitiens.
Pour l’inaugurer, voici un récapitulatif de l’Intégrale des Symphonies de Beethoven postée en novembre et décembre de l’année écoulée.
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Avec cinq chefs d’orchestres différents et cinq orchestres différents, cette intégrale « balaye » le deuxième quart du siècle dernier, et propose de grandes versions peu disponibles, ou alors dans des conditions techniques peu satisfaisantes eu égard à la qualité des originaux.
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A tout seigneur, tout honneur: Toscanini et l’orchestre de la BBC dans des enregistrements des symphonies n° 1, 4, 6 et 7 réalisés entre 1935 et 1939:
https://concertsarchiveshd.fr/toscanini-bbc-so-i-beethoven-symphonies-n7-4/
https://concertsarchiveshd.fr/toscanini-bbc-so-ii-beethoven-symphonies-n1-6/
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Au cours de son unique visite à Vienne de l’après-guerre, en octobre 1950, Fritz Busch a enregistré les symphonies n° 3 et 8 dans d’excellentes conditions musicales et techniques (de gauche à droite sur la photo: Fritz Busch, Marcel Prawy, et l’ingénieur du son le Dr. Hans Sachs):
https://concertsarchiveshd.fr/fritz-busch-dirige-beethoven-symphonies-n-3-et-8/
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La deuxième symphonie était la préférée de Sir Thomas Beecham. Son enregistrement de 1936 avec le « London Philharmonic » est particulièrement réussi:
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Felix Weingartner a longtemps été considéré comme l’interprète de référence des symphonies de Beethoven. Son premier enregistrement de la « Neuvième »avec le London Symphony Orchestra, qui date de 1926, est musicalement très supérieur à sa version viennoise de 1935 qui a été souvent rééditée:
https://concertsarchiveshd.fr/weingartner-beethoven-symphonie-n-9-1926/
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Finis coronat opus. Pour terminer ce cycle, quoi de mieux en effet que la Cinquième symphonie dans cette interprétation exceptionnelle de Wilhelm Furtwängler avec les Wiener Philharmoniker lors d’un concert public à Copenhague en 1950, avec une qualité sonore qui lui rend enfin justice?

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1937 est une grande année pour la BBC qui dispose depuis 1932 de la Broadcasting House, très proche de Queen’s Hall, ce qui est idéal pour les retransmissions, et qui a lancé fin 1936 une chaîne de télévision avec des images en 405 lignes. 1937 est la « Coronation Year », avec une série d’événements dont la « Coronation Season » à Covent Garden qui fait également l’objet de retransmissions radiophoniques. Le 12 mai, jour du couronnement, la Coronation procession est retransmise par la télévision.
De gauche à droite et en montant: Broadcasting House – All Souls’ Church – Queen’s Hall
Queen’s Hall, salle de 2400 places, inaugurée en 1893, et détruite au cours d’un bombardement en 1941
Un autre grand succès pour la BBC est le retour de Toscanini qui, après ses quatre concerts de 1935, fait deux visites, l’une pour diriger à Queen’s Hall avec le BBC SO les six concerts du London Music Festival (26 et 28 mai, 2, 4, 14 et 16 juin) ainsi qu’un concert au New Theatre d’Oxford le 8 juin, et l’autre pour deux concerts le 30 octobre et le 3 novembre.
Une première séance d’enregistrement est organisée par HMV à Queen’s Hall le 17 juin, après quoi le chef rentre en Italie, à Isolino San Giovanni. Les deux premiers mouvements de la « Pastorale » sont gravés et l’enregistrement du 2ème mouvement est approuvé par Toscanini.
La symphonie est enregistrée dans sa totalité les 21 et 22 octobre, mais pour le 2ème mouvement, c’est la captation du 17 juin qui sera publiée.
La première symphonie est enregistrée le 25 octobre1. Les deux faces 78 tours du Final sont rejetées par le chef. Elles seront donc refaites le 2 juin 19382.
Des différences de qualité sonore sont perceptibles et affectent le Final des symphonies 1 et 4, et surtout le 2ème mouvement de la « Pastorale ». L’ouvrage de Christopher Dyment3 permet d’en comprendre les raisons qui sont très révélatrices des rapports entre Toscanini et HMV et aussi de la manière dont le chef percevait les enregistrements commerciaux. Il explique aussi les erreurs de date d’enregistrement dans les publications ultérieures, en particulier la date du 22 juin (au lieu du 17 juin) pour le 2ème mouvement de la « Pastorale » comme ci-dessous lors de sa première ré-édition en 33 tours en 1958 (ALP 1664):
ou l’addition du 16 juillet (coffret » HMV Treasury » de 1986):
Les équipes techniques d’HMV enregistraient habituellement à Abbey Road, dont le grand studio n°1 servait pour les prises de son d’orchestre, et ils disposaient sur place de tout le matériel technique. Pour faire des prises de son à l’extérieur, il était habituel de relayer le son vers Abbey Road à partir d’une ligne téléphonique de qualité professionnelle.
La journée d’enregistrement du 17 juin était capitale, car elle constituait un test qui conditionnait la suite. Toscanini voulait enregistrer chaque mouvement d’un seul tenant, sans interruption, comme il l’avait fait l’année précédente pour ses enregistrements avec le New-York Philharmonic. Au lieu de graver directement les matrices destinées au pressage des disques, l’équipe technique a décidé d’utiliser une technique inhabituelle, à savoir graver sur place des matrices 78 tours de 14″ (35 cm) référencées TT (Technical Test) avec un recouvrement notable entre les faces. Ceci permet à la fois d’obtenir un enregistrement ininterrompu et de réaliser ultérieurement par copie les matrices définitives 12″ (30 cm), avec des transitions optimales entre les faces. Les reports ont lieu dans la « Transfer Room » les 21 et 24 juin pour les 3 faces du premier mouvement, et le 22 juin pour les 3 faces du deuxième mouvement, et ils sont soumis à Toscanini le 29 juin. Le 5 juillet, le chef approuve 5 des 6 faces 78 tours et donne son accord pour la poursuite des enregistrements en octobre. Le report des deux premières faces du 2ème mouvement est refait le 16 juillet et ce mouvement est définitivement approuvé par le chef à la fin du mois.
Comme la date d’enregistrement est habituellement la date de gravure des matrices, les éditions successives en microsillon n’ont pas tenu compte du fait que les matrices avaient fait l’objet d’une copie, ce qui était en effet très inhabituel, et la date de ces copies (22 juin et 16 juillet) a été confondue avec la date d’enregistrement qui est en fait le 17 juin.
Pour les séances d’enregistrement d’octobre, HMV a réussi à persuader Toscanini de jouer chaque mouvement dans une quasi-continuité, c’est-à dire d’observer une pause de quelques secondes à la fin de chaque face 78 tours, ce qui a permis, pour les quatre mouvements restants de la « Pastorale » et les trois premiers mouvements de la 1ère, de graver directement les matrices 12″ (30 cm) en utilisant une unité mobile (« mobile van »). Dans le 2ème mouvement de la « Pastorale », et à cause de la procédure de copie utilisée, une dégradation de la qualité sonore est très perceptible.
Pour la séance d’enregistrement du 2 juin 1938, Toscanini a exigé de jouer les œuvres sans interruption, et à l’exception de l’ouverture de Mozart (« Zauberflöte »), pour laquelle l’existence d’une pause dans la musique permettait un enregistrement direct des deux faces, HMV a été obligé de recourir de nouveau au procédé de report, ce qui fait que le Finale de la 1ère symphonie ré-enregistré ce jour-là sonne un peu moins bien que les trois autres, mais heureusement, la perte de qualité est ici moindre que pour la « Pastorale ».
La 4ème symphonie a pu être gravée directement le 1er juin 1939, bien que Toscanini ait maintenu son exigence de jouer chaque mouvement sans interruption, et seule la deuxième face du Final a fait l’objet d’un report, sans que la raison en soit connue.
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Symphonie n°1: matrices 2ER 241-2A, 242-1A; 243-1A; 244-1A, 245-2A (Mouvements I à III – 25 octobre 1937) et 2ER246-2 et 247-3 (Mouvement IV – 2 juin 1938). Producteur/Producer: Lawrence Collingwood. Ingénieur du son/Balance Engineer: Edward Fowler
Symphonie n°6: matrices 2ER 231-1; 232-1; 233-1 (Mouvement I – 21 octobre 1937); 2EA3585-2; 3586-2; 3587-1 (Mouvement II – 17 juin 1937); 2ER 237-2; 238-2A; 239-2A (Mouvements III, IV et V-1 – 22 octobre 1937); 2ER340-1A (Mouvement V-2 – 21 octobre 1937). Producteur/Producer: Lawrence Collingwood. Ingénieurs du son/Balance Engineers: Edward Fowler, Arthur Clarke & Douglas Larter
1La Tragische Overture de Brahms est également enregistrée.
2 Egalement enregistrés: Mozart Zauberflöte Ouv., Rossini La Scala di Seta Ouv., et Weber (orch . Berlioz) Invitation à la Valse.
3Christopher Dyment « Toscanini in Britain » (The Boydell Press)
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Entre 1935 et 1939, Arturo Toscanini a donné 26 concerts avec le BBC Symphony Orchestra, dont 25 à Queen’s Hall, tous retransmis par la BBC, et un à Oxford. Des enregistrements effectués par la BBC, ou bien à partir des retransmissions sont parvenus jusqu’à nous. HMV a enregistré ses quatre concerts du London Music Festival de 1935 (3, 5, 12 et 14 juin)1 et un concert en 1938 (le 10 juin), mais à l’époque, le « Maestrissimo » n’a donné son autorisation de publication pour aucun d’entre eux. Ce n’est que plus tard, au cours des années 1980, que ces captations ont été progressivement mises à la disposition du public. Des séances d’enregistrements pour HMV ont eu lieu à Queen’s Hall en 1937 (17 juin, 21, 22 et 25 octobre), 1938 (2 juin) et 1939 (1 juin) et ont donné lieu à l’époque à des publications en 78 tours2.
Ces concerts couvrent une période au cours de laquelle la personnalité musicale de Toscanini était en train d’évoluer (l’approche de la guerre?), mais les affinités entre le chef et l’orchestre sont évidentes3. Les interprétations s’y révèlent dans toute leur subtilité, sans les duretés que l’on trouvera par exemple dans le cycle Beethoven de 1939 avec l’orchestre de la NBC, bien que certains signes avant-coureurs soient perceptibles et avaient d’ailleurs été remarqués à l’époque.
Nous vous invitons à écouter la dernière œuvre, la 7ème symphonie de Beethoven, du concert public du 14 juin 1935 qui clôturait le London Music Festival:
L’enregistrement a été effectué par HMV sur 10 faces 78 tours4. En complément: la 4ème symphonie de Beethoven enregistrée sur 8 faces 78 tours5 le 1er juin 19396, dans une prise de son due à Edward Fowler. Les reports ont été effectués à partir de microsillons, publiés en 1970 pour la 4ème symphonie (reports de 78 tours par Anthony Griffith), et en 1986 pour la 7ème symphonie (reports de 78 tours par Keith Hardwick), dans les deux cas à partir des matrices métalliques d’origine.
1Le troisième London Music Festival, organisé par la BBC, comprenait huit concerts retransmis depuis Queen’s Hall, dont l’acoustique était renommée: le premier, dirigé par Adrian Boult était consacré à la Messe en si de Bach (10mai). Les trois suivants, les 17, 22 et 27 mai, étaient dirigés par Serge Koussevitzky.
2Le livre de Christopher Dyment « Toscanini in Britain » (The Boydell Press) est une référence incontournable.
3 Le livre de Bernard Shore, alto solo du BBC SO, « The orchestra speaks » paru en 1938 (Longsmans,Green and Co.) donne en 25 pages un compte-rendu on ne peut plus détaillé des relations entre l’orchestre et le chef.
4matricées 2EA2251-2-2A à 2EA2260-2-2A.
5matricées 2EA7959-3, 2EA7960-2, 2EA7961-3, 2EA7962-2, 2EA7963-2, 2EA7964-1, 2EA7965-1 et 2EA7966-2A provenant d’un report effectué le 5 juillet à partir de la prise 3 (matrice 2EA7966-3A) du 1er juin.
6En 1935 le « leader » de l’orchestre était Arthur Catterall. En 1939, c’est Paul Beard, comme le montre le programme du concert du 8 mai 1939 diffusé par la BBC:
Arthur Catterall (1883-1943) a été le « leader » du Hallé Orchestra de 1907 à 1925. Il a poursuivi une carrière de soliste et a fondé le Catterall Quartet et le Catterall String Orchestra. En 1929, il devient le « leader » du BBC SO nouvellement fondé, dont le concert inaugural officiel a lieu le 22 octobre 1930 avec son plein effectif de 115 musiciens. En 1936, il quitte ce poste pour se consacrer à sa carrière de soliste et pour enseigner. Il est alors remplacé par Paul Beard (1901-1989) qui était le leader du City of Birmingham Orchestra à partir de 1922, puis du Royal Philharmonic Orchestra depuis sa fondation par Beecham en 1932, et a choisi le BBC SO de préférence au Boston SO. Il restera à ce poste jusqu’à sa retraite en 1962. Toscanini le considérait comme le plus grand « leader » d’orchestre qu’il ait connu.
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