Étiquette : Busch
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Fritz Busch dirige Beethoven avec le Niederösterreichisches Tonkünstler Orchester (Octobre 1950)
Entre le 22 septembre et le 29 octobre 1950, Fritz Busch, a donné à Vienne, où il ne s’était pas produit depuis février 19341, une série de 11 représentations d’opéra au Theater an der Wien (entre le 22 septembre et le 24 octobre: Mozart Figaros Hochzeit (4 fois), Wagner Meistersinger (4 fois), et Verdi Otello (3 fois), un concert avec les Wiener Symphoniker (WSO) le 15 octobre (enregistré par la Radio) et enfin deux concerts, les 28 et 29 octobre, avec les Wiener Philharmoniker (WPO) tout juste rentrés d’une longue tournée (25 septembre-22 octobre) dans les pays nordiques, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Suisse avec Wilhelm Furtwängler.
A ce planning extrêmement chargé, mais Fritz Busch avait la réputation d’être un «bourreau» de travail, s’est ajoutée à la dernière minute une série d’enregistrements réalisés à la Brahms-Saal du Musikverein pour la firme Remington, avec au programme les symphonies n° 3 et 8 de Beethoven et la symphonie n°101 dite « L’Horloge » de Haydn. Le responsable pour l’Autriche de la firme Remington, Marcel Prawy2, a pris contact avec Fritz Busch dès son arrivée à Vienne le 16 ou le 17 septembre pour lui proposer ces enregistrements, proposition rapidement matérialisée par une lettre du 19 septembre 1950 à Fritz Busch. L’argumentaire de M. Prawy reposait sur la qualité: le matériel d’enregistrement sera fourni par Telefunken grâce à un contrat exclusif, et l’ingénieur du son sera le Dr. Hans Sachs de la Radio autrichienne RAVAG, avec le confort de six jours d’enregistrement pour les trois oeuvres3, soit des conditions comparables à celles des grandes maisons de disque.
De prime abord, le choix de l’orchestre, le Niederösterreichisches Tonkünstler Orchester (ou Orchestre des Musiciens de Basse-Autriche), ne pouvait que surprendre. En fait, Marcel Prawy avait peu de choix. Le WPO était sous contrat avec de grands éditeurs de disques, et de toutes façons, il était en tournée. Pas question non plus d’avoir recours à un orchestre de circonstance comme ça a été le cas pour nombre d’enregistrements à l’époque, regroupant sous un nom générique des musiciens de l’Orchestre du Staatsoper et du Volksoper engagés au cachet, avec peu de répétitions. Quant au WSO, sa pratique était plutôt de faire, également avec peu de répétitions, beaucoup d’enregistrements pour le disque et pour la Radio (p.ex. les enregistrements d’Otto Klemperer pour la firme Vox ou l’intégrale des symphonies de Bruckner par Volkmar Andreae).
La firme Remington a malencontreusement publié ces enregistrements «à l’économie» dans une série bon marché, la gravure et le pressage étant de qualité inférieure, avec un son agressif, ce qui a conduit à une réception mitigée par les critiques. L’un d’entre eux n’a-t-il pas écrit à propos de l’Eroïca que «Busch donne une exécution de haut niveau avec un orchestre de second ordre»? La lecture de la discographie comparée des symphonies de Beethoven parue au printemps 1952 dans la revue «High Fidelity»4 permet de comprendre que, si la qualité technique des disques Remington n’avait pas été médiocre, les disques de Busch auraient pu créer l’événement.
Et comme la firme Remington a fini par disparaître, ces enregistrements, dont Fritz Busch était pourtant très satisfait, sont tombés dans un oubli relatif, jusqu’à ce qu’au début des années 80, la firme Relief , établie au Liechtenstein, les réédite à partir semble-t-il des bandes originales, avec cette fois une qualité de gravure et de pressage soignée. L’écoute montre qu’en fait l’orchestre est très bon, et surclasse même le WSO, notamment en ce qui concerne les pupitres des cordes, que les interprétations sont de très haut niveau et que la prise de son est tout à fait remarquable.
Malheureusement, la firme Relief ne s’est pas avérée plus pérenne que Remington et aucune réédition ultérieure à partir des bandes originales, qui sont de nos jours introuvables, n’a vu le jour.
Les deux microsillons Relief sont donc les meilleures sources à ce jour disponibles pour ces deux symphonies (3 et 8) de Beethoven, les seules enregistrées pour le disque par ce grand beethovénien qu’était Busch5, et c’est un report de ces disques qui vous est proposé, en attendant que peut-être un jour les bandes «master» fassent de nouveau surface, mais en tous cas, on ne remerciera jamais assez Marcel Prawy d’avoir pris l’initiative de proposer et de mener à bien ces enregistrements. Le décès du chef d’orchestre l’année suivante a mis fin à l’ambitieux programme d’enregistrements qui était en cours d’élaboration.
1Beethoven Missa Solemnis et Mahler 2ème symphonie avec les Wiener Symphoniker et le chœur de la Wiener Singakademie.
2 Marcel Prawy (1911-2003) était une personnalité à Vienne. Avant guerre, il a été le secrétaire du ténor Jan Kiepura avant d’émigrer aux États-Unis en 1938. Il est revenu à Vienne en 1946 en tant qu’officier du Service Culturel de l’armée US, puis a été de 1950 à 1952 le responsable pour l’Europe de la firme Remington, avant de devenir en 1955 le dramaturge du Volksoper de Vienne, puis en 1972 du Staatsoper. Il était très connu pour ses émissions radiophoniques puis télévisées,produites par l’ORF.
3 Nous connaissons le détail de ses séances d’enregistrement à la Brahms-Saal: 16 octobre (de 14h à 17 h), 17 octobre (de 9h à 13h), 18 octobre (de 9h à 13h et de 14h à 18h), 19 octobre (de 9h à 13h), 20 octobre (de 9h à 13h) et 25 octobre (de 9h à 13h).
5 Il existe des enregistrements de 4 autres symphonies de Beethoven: la 1ère (Chicago SO – 1949), la 5ème (New-York Philharmonic – 1950), la 7ème (WSO – 1950) et la 9ème (Radio Danoise – 1950), ainsi qu’un enregistrement isolé du Final de la 9ème (Radio Danoise – 1934).
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