Étiquette : Mozart
Mozart
Symphonie n°38 K.504 WPO Musikvereinsaal 18 Dezember 1936
Symphonie n°41 K.551 WPO Musikvereinsaal 11 Januar (Jänner) 1938
Source: 33t. Angel Japan « The Art of Bruno Walter with WPO »
Bruno Walter & Arnold Rosé
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Sinfonia Concertante K.364 NYPO John Corigliano & William Lincer Carnegie Hall 10 March 1946 Source: Bande/Tape (origine: disques/transcription discs)
William Lincer & John Corigliano
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Ces trois enregistrements de Bruno Walter représentent la fin de son activité à Vienne avant la guerre, la Symphonie n°41 accompagnant les 15 et 16 janvier la Neuvième de Mahler au cours de sa dernière série de concerts avant l’Anschluss, ainsi que son unique enregistrement accessible de la Symphonie Concertante pour violon et alto K.364 lors du concert du 10 mars 1946. Il avait déjà dirigé cette œuvre à New York les 5 et 6 mars 1925 avec en solistes Samuel Duskin et Lionel Tertis, et il l’a redonnée les 12 et 13 février 1953 avec Corigliano et Lincer, mais sans retransmission radiophonique à cette occasion. Un enregistrement de concert à Chicago (concert télévisé du 25 janvier 1956 avec John Weicher et Milton Preeves) a été recensé dans une archive privée, mais n’a pas été publié. Le concert du dimanche 10 mars 1946 est particulier en ce sens que son programme (Mozart K364, Brahms Symphonie n°4) est complètement différent de celui des concerts des 7 et 8 mars consacrés à la Passion selon St-Matthieu de Bach, alors qu’en général, le programme radiodiffusé le dimanche reprend en partie le programme de la semaine.
Concernant l’interprétation de la Sinfonia Concertante de Mozart, le critique Noel Straus écrivait: ‘John Corigliano, le concertmaster de l’orchestre, et William Lincer, son premier alto, ont été les solistes de l’opus de Mozart, qui, comme le Brahms, a bénéficié d’une lecture des plus élaborées et des plus élevées. Aucune interprétation ne peut être d’un esprit aussi complètement mozartien que celle qui a été donnée de la Sinfonia Concertante, une oeuvre unique en son genre qui n’a rien perdu de sa fraîcheur juvénile et de son grand attrait au cours des 167 années qui se sont écoulées depuis sa composition. Sous une direction moins, cette composition exquisément façonnée peut facilement dégénérer de la part des deux solistes en une exhibition de virtuosité. Même si une bravoure experte était apportée aux mesures en solo, la musique elle-même et la révélation de sa pleine signification étaient le souci principal de Mr. Walter, et il a montré que c’était possible sans exagérer la composante soliste, avec pour résultat qu’un parfait sens de l’équilibre, rarement obtenu dans cette oeuvre à l’orchestration légère, a été rendu possible. Avec cette manière de faire, la composition a gagné en intimité, et rien n’a été oublié pour projeter le caractère sensible et poétique de son contenu. L’art et la compétence technique de Mr. Corigliano et de Mr. Lincer étaient si complètement en harmonie, leurs sonorités si subtilement intégrées et équilibrées, que leurs jeux formaient remarquablement un tout, et s’inscrivaient en même temps dans le cadre dynamique qui convenait exactement à la fusion avec un accompagnement orchestral finement conçu. Il est difficile d’imaginer un rendu plus éloquent et plus convaincant, ou plus admirable par sa pureté tonale, la beauté de sa texture, par ses couleurs et par son expressivité.’
These three Bruno Walter recordings illustrate the end of his pre-war tenure in Vienna, the Symphony n°41 being played on the 15 and 16 January together with the Mahler Ninth during his last series of concerts there before the Anschluss, as well as his only available recording of the Sinfonia Concertante for violin and viola K.364 during the concert of March 10, 1946. He already conducted this work in New York on 5 and 6 March 1925 with Samuel Duskin and Lionel Tertis as soloists, and he performed it again on 12 and 13 February 1953 with Corigliano et Lincer, but without broadcast this time. A concert recording in Chicago (TV concert on 25 January 1956 with John Weicher and Milton Preeves) has been listed in a private archive, but hasn’t been published. The concert of Sunday 10 March 1946 is special in the sense that its program (Mozart K.364, Brahms Symphony n°4) is entirely different from the preceding ones on 7 and 8 March dedicated to Bach’s Passion according to St-Matthew, whereas usually, the program of the Sunday broadcast is partly comprised of works played during the week.
Concerning the performance of the Sinfonia Concertante by Mozart, music critic Noel Straus wrote: ‘John Corigliano, the orchestra’s concertmaster and William Lincer, its first viola, were the soloists in the Mozart opus, which, like the Brahms work, gloried in a reading of a most searching and exalted nature. No performance could be more completely Mozartean in spirit than that given of the Sinfonia Concertante, an unrivaled work of its genre that has lost nothing of its youthful freshness and deep appeal with the passage of the 167 years since its creation. Under less fully comprehending direction, the exquisitely wrought composition easily can become first and foremost an exhibition of virtuosity on the part of the two soloists. But for all the expertness of bravoura brought to the solo measures, the music itself and the revelation of its meaning to the full was the primary consideration with Mr. Walter and this he found possible without overstressing the solo element with the result that a perfect sense of balance, rarely achieved in this lightly orchestrated score, became possible. The composition gained in intimacy through this type of treatment, and nothing was left undone to project the sensitive, poetic character of its content. The artistry and skill of Mr. Corigliano and Mr. Lincer was so perfectly matched, their tone so subtly integrated and equalized, that their playing proved remarkably unified, and at the same time was held in just the right dynamic frame to blend absolutely with the finely considered orchestral support. It is difficult to conceive of a presentation of this work more eloquent and persuasive, or more admirable in tonal purity, beauty of texture, coloring and expressiveness.’
Enregistré à Vienne à la Sofiensaal les 16 (K622) & 19-21 (K299) septembre 1962
Prod: Christopher Raeburn – Eng: James Brown
Source: Bande/Tape 19 cm/s / 7.5 ips
Avec trois solistes des Wiener Philharmoniker, voici, sous la baguette de Karl Münchinger, une version privilégiée de ces deux concertos.
Le clarinettiste Alfred Prinz (1930-2014), élève de Leopold Wlach (1902-1956), intègre en 1945 (à 15 ans!) l’orchestre du Wiener Staatsoper. En 1956, il succède à Leopold Wlach en tant que membre des Philharmoniker. Il est 1ère ou 2e clarinette de 1956 à 1964, et 1ère clarinette de 1964 à 1984, puis 2e clarinette jusqu’à sa retraite en 1995.
Le flûtiste Werner Tripp (1930-2003) quitte en 1955 l’orchestre de Graz pour intégrer l’orchestre du Wiener Staatsoper (2e flûte). Il devient membre des Philharmoniker en tant que flûte solo en 1961, poste qu’il conservera jusqu’à sa démission en 1977.
Le harpiste Hubert Jelinek (1909-1980) intègre le Staatsoper et les Philharmoniker en 1936, où il reste jusqu’à sa retraite en 1974.
N.B. L’orthographe admise est Jelinek plutôt que Jellinek.
With three soloists from the Wiener Philharmoniker (WPO), here is, with Karl Münchinger conducting, a privileged version of these two concertos.
Clarinettist Alfred Prinz (1930-2014), pupil of Leopold Wlach (1902-1956) joins in 1945 (at the age of fifteen!) the orchestra of the Wiener Staatsoper. In 1956, he succeds Leopold Wlach (1902-1956) as a member of the Philharmoniker. He is 1st or 2nd clarinet from 1956 to 1964, and 1st clarinet from 1964 to 1984, then 2nd clarinet until his retirement in 1995.
Flutist Werner Tripp (1930-2003) leaves in 1955 the Graz orchestra to join the orchestra of the Wiener Staatsoper (2nd flute). He becomes member of the Philharmoniker as solo flute in 1961, and remains at this post until his resignation in 1977.
Harpist Hubert Jelinek (1909-1980) joins the Staatsoper and the Philharmoniker in 1936, where he remains until his retirement in 1974.
N.B. The acccepted spelling is Jelinek rather than Jellinek.
Rudolf Serkin – Dimitri Mitropoulos NYPO
Carnegie Hall – October 23, 1955
Source: Bande/Tape 19 cm/s / 7.5 ips
Pour les concerts de gala (avec de nombreux invités) fêtant la rentrée de l’orchestre après une longue tournée européenne (3 septembre – 7 octobre 1955), Rudolf Serkin et Dimitri Mitropoulos ont joué les 20 & 21 octobre 1955 trois Concertos de Mozart, successivement le n°25 K.503, le n°16 K.451 donné pour la première fois avec le NYPO, et le n°23 K.488. Les critiques ont été éminemment favorables, mais plusieurs ont remarqué que, si, quand le pianiste jouait, l’orchestre était réduit à de justes proportions mozartiennes, par contre, l’orchestre seul jouait avec le plein effectif de cordes, engendrant dans les tutti lourdeurs, problèmes d’équilibre et excès de dynamique.
Le plein effectif des cordes avec ses neuf contrebasses! (P-H Lang N-Y Herald Tribune Oct.21,1955)
Des critiques ont souligné que, pour un tel concert d’ouverture, le chef n’aurait pas pu faire autrement qu’employer ce plein effectif.
Le programme du concert radiodiffusé du dimanche 23 ne retenait que les Concertos n°16 & 25, mais s’ouvrait par la Sinfonia Concertante « K. Anh.104 » de Mozart:
Sunday Afternoon Broadcast with only two Concertos played by Rudolf Serkin
For the gala opening concerts (with many guests) to celebrate the orchestra after its long European tour (September 3 – October 7, 1955), Rudolf Serkin and Dimitri Mitropoulos performed three Concertos by Mozart on October 1955, 20 & 21, successively n°25 K.503, n°16 K.451 (first performance with the NYPO), and n°23 K.488. The critics were quite favourable, but several of them remarked that, if in solo passages, the orchestra had the size of a Mozart ensemble, however the orchestra alone performed with a full complement of strings, thus with problems of heaviness, balance shifts and excessive dynamics in tutti. Critics underlined that, for such an opening concert, the conductor could not do otherwise than to display the full body of strings. Of these, only Concertos n°16 K.451 and n°25 K.503 were played at the Sunday Afternoon Broadcast concert, which opened with Mozart’s Sinfonia Concertante « K. Anh.104 ».
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Igor Oïstrakh & Rudolf Barshaï Duos K423 & 424
David Oïstrakh & Rudolf Barshaï Orchestre de Chambre de Moscou Sinfonia Concertante K364
L’enregistrement des deux duos violon-alto K423 & 424 de Mozart a été réalisé en 1955/1956 par Igor Oïstrakh, violon et Rudolf Barshaï, alto et publié en 1956 à l’occasion du bi-centenaire de la naissance de Mozart.
Depuis, il n’a pas été réédité et a même été oublié au point que des discographies de David Oïstrakh mentionnent de manière erronée celui-ci comme étant le violoniste du duo K424 sur le disque Melodiya D3226.
C’est fort dommage, car la rigueur du style et la conduite du discours musical sont en parfaite équation avec ces œuvres classiques, alors que certains autres interprètes tombent dans l’écueil d’un phrasé romantique qui rompt la continuité du flux musical polyphonique.
En Hommage à Igor Oïstrakh pour ses 90 ans.
L’enregistrement en studio de la Sinfonia Concertante K364 par David Oïstrakh et Rudolf Barshaï avec l’Orchestre de Chambre de Moscou dirigé par R. Barshaï date de 1959/1960 est bien sûr beaucoup plus connu, même si sa disponibilité reste aléatoire. La source est ici un microsillon Musidisc 30 RC 859. Il existe par ces mêmes interprètes une version en public du 11 septembre 1963 publiée sous le label « Moscow Conservatory Records » (SMC CD 0021).
The recording of the two violin-viola duets K423 & 424 by Mozart has been made in 1955/1956 by Igor Oïstrakh, violin and Rudolf Barshaï, viola and published in 1956 for the Bicentenary of Mozart’s birth.
Since then, it hasn’t been reissued, and even forgotten to the extend that some David Oïstrakh discographies erroneously mention him as being the violonist for Duet K424 on the Melodiya LP D3226.
Just too bad, since the purity of style and the musical discourse perfectly match these classical works, whereas some other interprets would indulge in romantic phrasings thus breaking the continuity of the polyphonic musical flow.
As a Tribute to Igor Oïstrakh, born 1931.
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The studio recording of the Sinfonia Concertante K364 by David Oïstrakh and Rudolf Barshaï with the « Moscow Chamber Orchestra » led by R. Barshaï was made in 1959/1960 and is of course much better known, although its availability is somewhat random. Here, the source is a Musidisc LP (30 RC 859). A live recording by the same performers on September, 11 1963 has been published by « Moscow Conservatory Records » (SMC CD 0021).
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Rostislav Dubinsky , violon I, Nina Barshai violon II (K458 & 465), Rudolf Barshai, alto et Valentin Berlinski, violoncelle.
Yuli Yagudin, flûte (K285)
Enregistré vers 1950
Quatuor Philharmonique de Moscou, c’est la dénomination qu’avait adopté entre 1947 et 1955, le futur Quatuor Borodine. Seuls quelques enregistrements, ici reproduits, de quatre œuvres de Mozart avaient fait l’objet d’une publication en 1963 sous forme de microsillons, à l’occasion des vingt ans de la création du Quatuor. Un récent coffret de 20 CD en Hommage à Rudolf Barshaï propose un enregistrement du Quatuor n°1 Op.49 de Chostakovitch (Concert à la Petite Salle du Conservatoire de Moscou – 3 juin 1951).
La chronologie des différentes compositions du Quatuor est relativement complexe, depuis la formation provisoire sous forme de Quatuor d’étudiants (1943), jusqu’à la constitution en 1947 d’un premier ensemble stable (Quatuor Philharmonique de Moscou), puis du choix de la dénomination de Quatuor Borodine en 1955 (source: Valentin Berlinsky – A Quartet for Life publié par Kahn & Averill London; Le Quatuor d’une Vie – Aedam Musicae). Si on met de côté la participation « anecdotique » de Rostropovitch en 1943, le cœur du Quatuor, ce sont Rostislav Dubinsky et Valentin Berlinsky. On notera que le remplacement de R. Dubinsky par Levon Sachs (1944-1945), le violon solo de l’orchestre du Théâtre Bolshoï, est dû au fait que Dubinsky s’est rendu à Minsk récemment libéré pour être pendant un an le violon I du Quatuor de Biélorussie.
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Le Quatuor Borodine au fil du temps/The Borodin Quartet in the course of time
I – Quatuor d’étudiants du Conservatoire de Moscou / Student Quartet at the Moscow Conservatory (1943-1947)
II – Quatuor Philharmonique de Moscou / Moscow Philharmonic Quartet (1947-1955)
III – Quatuor Borodine / Borodin Quartet (depuis/since 1955)
Violon/Violin I
Rostislav Dubinsky: 1943-1944: Levon Sachs: 1944-1945; Rostislav Dubinsky: 1945-1976, Mikhail Kopelman: 1976-1996; Ruben Aharonian: depuis/since 1996
Violon/Violin II
Pavel Granovsky (1943), Grigory Kemlin: 1943-1945; Vladimir Rabei: 1945-1947; Nina Barshai: 1947-1952; Yaroslav Alexandrov: 1952-1974; Andrei Abramenkov: 1974-2011
Alto/Viola
Yuri Nikolayevsky: 1943-1944; Rudolf Barshai: 1944-1953; Dmitri Shebalin: 1953-1996; Igor Naidin: depuis/since 1996
Violoncelle/Cello
Mstislav Rostropovitch: 1943 (deux semaines!/two weeks!); Valentin Berlinsky: 1943-2007; Vladimir Balshin: depuis/since 2007
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Dans l’ouvrage précité, Valentin Berlinsky relate ce que représentait le Conservatoire de Moscou au cours des années quarante. En voici un extrait :
Le Conservatoire de Moscou était au cours des années 40 une institution exceptionnelle. Le professionnalisme en vigueur chez les personnalités éminentes qui y enseignaient était fabuleux. Le Conservatoire était pour nous un temple de l’art vers lequel nous nous précipitions chaque jour. Il est difficile d’imaginer aujourd’hui qu’en tant qu’étudiants nous partagions les couloirs avec des compositeurs tels que Sergei Prokofiev, Dmitri Chostakovitch, Nikolai Myaskovsky, Yuri Shaporin, Vissarion Shebalin, et les pianistes Heinrich Neuhaus et Alexander Goldenweiser. Nos professeurs étaient les violinistes David Oïstrakh et Abram Yampolsky, Zeitlin et Mostras, et les violoncellistes Semyon Kozolupov and Sviatoslav Knushevitsky. Les noms les plus éminents, bien que nous n’en ayons pas eu conscience à l’époque. Nous considérions leur présence comme tout à fait normale.
Un style de communication très spécifique de cette période était encore en vigueur. Il se reflétait dans le comportement, l’apparence, et le discours de nos professeurs. Ils s’intéressaient sincèrement à nos carrières futures. La foi qu’ils avaient en nous nous motivait à répondre à leurs attentes et à ne pas les décevoir; nous devions répondre à cet investissement sur notre futur! Les Prix et les récompenses ne devaient jamais être accordés trop tôt. Il se pourrait qu’un artiste n’ait pas besoin de gloire, et la gloire pouvait être nuisible à certains; mais l’artiste a sûrement besoin d’être reconnu. L’artiste doit se sentir nécessaire. Je parle ici des arts classiques, dont la signification et le but ne sont pas en premier lieu le divertissement. C’est comme ça que notre quatuor fonctionnait, et cet exemple le montre. Si nous travaillions les Quatuors de Beethoven, nous allions les jouer à Heinrich Gustavovich Neuhaus, qui avait une connaissance encyclopédique des œuvres de Beethoven. Nous entrions alors dans sa salle de classe qui n’était jamais vide (il y avait toujours de l’ordre de vingt ou trente personnes dans ses classes).
Et il disait: ‘Ah, vous voici, nous vous attendions. Qu’allez vous jouer aujourd’hui?’
‘ Le Quatuor en do dièse mineur de Beethoven’.’
‘Ah, l’opus 131’, et il se dirigeait vers le piano pour souligner les thèmes principaux sans même s’asseoir. Pour Mozart et Haydn, nous allions voir Alexander Goldenweiser, le grand spécialiste des mélismes. Il disait: ‘Personne à part moi ne sait comment jouer correctement les phrases mélismatiques’. Neuhaus et Goldenweiser, dont nous absorbions l’influence avec reconnaissance, ont été aussi nos partenaires au concert. Il existe toujours un enregistrement du Quatuor avec Goldenweiser – le Quatuor avec Piano de Mozart K493, un vieux disque, un disque noir, vous vous en souvenez? Mais aucun enregistrement de nous avec Neuhaus n’a survécu. Enregistrer des concerts publics n’était pas très courant. Nous avons joué ensemble les Trios de Tchaïkovski et les Quintettes avec Piano de Schumann et de Franck.
A l’époque, nous avons eu d’autres partenaires, des excellents pianistes qui enseignaient au Conservatoire de Moscow: parmi ceux-ci, Yakov Zak, Yakov Flier, Lev Oborin, Maria Veniaminovna Yudina, Grigory Ginzburg et Alexander Jocheles.
Nous avons joué notre programme à Lev Moiseyevich Tseitlin, un merveilleux chambriste et le fondateur du Persimfans, une des expériences orchestrales les plus intéressantes de l’histoire de l’interprétation. Il était toujours surprenant, et son énergie était unique…. Je me souviens bien de nos leçons avec Lev Moiseyevich. Nous avons joué pour lui le Quatuor de Ravel et l’opus 59 no. 2 en mi mineur de Beethoven. Nous avons joué aussi pour Yampolsky, Kozolupov et d’autres encore. Terian était très impliqué dans notre Quatuor, mais nous conseillait (en fait il insistait) pour que nous allions consulter ces autres musiciens. Cette absence de jalousie envers ses étudiants était caractéristique de l’époque. Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris ce que cachaient le jalousie et la possessivité envers ses étudiants (ou leur absence). L’aspect psychologique est ici crucial: les jeunes musiciens doivent bien sûr développer leurs propres compétence et leurs propres ressources pour conquérir leur liberté et leur confiance. Terian le savait. Il prenait soin de notre développement artistique. Cette absence de jalousie est une partie de ce qui distingue ces professeurs de ceux de la génération actuelle.
La différence est énorme, et repose sur la réflexion musicale. Notre professeur de quatuor était Yevgeny Mikhailovich Guzikov (N.B. Y. Guzikov 1887-1972 a été le premier professeur russe à mettre au point une méthode pédagogique pour les ensembles de musique de chambre, sur la base du travail effectué avec les Quatuors Komitas, Spendiarov, Glinka et Taneyev). Il ne tolérait pas les tempi ouvertement rapides. Il nous a enseigné que ‘Allegro’ ne signifie pas toujours ‘rapide’. C’est souvent une indication, d’un caractère d’allégresse, notamment dans les œuvres classiques. Il ne fallait pas seulement tenir compte des symboles conventionnels (qui, après tout ne sont que des symboles) mais aussi de la forme de la mélodie, de l’harmonie, et prêter une oreille attentive aux sonorités. Nous devions être capables de lire et d’évaluer la signification de ces symboles. De même, la dynamique est principalement relative à la forme et non aux décibels. Qu’est-ce que ‘forte’ signifie en fait? Avec force et solidité, mais pas nécessairement ‘fort’! C’est comme ça que nous avons appris la rigueur, la minutie et la réflexion. Et quand aucun de ces symboles ne se trouve dans la partition, comme dans les œuvres de Bach? C’est l’occasion de penser au moyen par lequel la musique se développe, aux doigtés, et aux coups d’archet. Des tempi excessivement rapides appauvrissent la musique. Des vitesses plus modérées signifient que la beauté tonale de l’œuvre peut être montrée en détail, de même que l’interaction entre les voix et bien d’autres choses. Guzikov avait de ce fait raison.
Le flûtiste Yuli Yagudin (K285) était un des meilleurs élèves de Vladimir Tsybin (1877-1949), fondateur de l’école russe de flûte.
Moscow Philharmonic Quartet is the name under which the later Borodin Quartet was known between 1947 and 1955. Only a few recordings, posted here, of four works by Mozart have been published as LPs in 1963 for the 20th Anniversary of the birth of the Quartet. A recent 20 CD Album, A tribute to Rudolf Barshaï, offers a recording of Shostakovich’s First Quartet Op.49 (Concert at the Small Hall of the Moscow Conservatory – June 3, 1951).
The chronology of the various line-ups of the Quartet is rather complicated (see above « The Borodin Quartet in the course of time »), since the initial provisional one as a student Quartet (1943), until the creation in 1947 of a first stable ensemble (Moscow Philharmonic Quartet), then of the choice of the name Borodin Quartet in 1955 (source: Valentin Berlinsky – A Quartet for Life published by Kahn & Averill London). If we set aside the « anecdotic » participation of Rostropovitch in 1943, the core of the Quartet, is both Rostislav Dubinsky and Valentin Berlinsky. Note that the replacement of R. Dubinsky by Levon Sachs in 1944-1945, leader of the Bolshoï Theatre Orchestra, is due to Dubinsky’s move to the recently liberated Minsk to lead during a year the Belarusian Quartet.
In the above cited book, Valentin Berlinsky decribes what the Moscou Conservatory of the 1940s meant to him. Here is an excerpt:
The Moscow Conservatory of the 1940s was an exceptional institution. The professionalism among the imposing characters who taught there was outstanding. The Conservatory was, for us, a temple of art to which we hurried each day. It is difficult to imagine today that as students we shared the corridors with composers such as Sergei Prokofiev, Dmitri Shostakovich, Nikolai Myaskovsky, Yuri Shaporin, Vissarion Shebalin , and the pianists Heinrich Neuhaus and Alexander Goldenweiser. Our teachers were the violinists David Oistrakh and Abram Yampolsky, Zeitlin and Mostras, and cellists Semyon Kozolupov and Sviatoslav Knushevitsky. Names to conjure with, though we did not realise this at the time. We took their presence completely for granted.
A style of communication that was very specific to this period was still in use. This was reflected in the behaviour, appearance and speech of our teachers. They were sincerely interested in our future careers. The faith they had in us made us eager to meet their expectations and not to disappoint them; we had to provide a return on this investment in our future! Prizes and rewards should never be granted too early. It could be that the artist does not need glory, and glory could be harmful to some; but the artist certainly needs recognition. The artist must feel necessary. I am talking here of the classical arts, the meaning and purpose of which do not primarily involve entertainment. By way of an example, this is how our quartet worked. If we were working on Beethoven’s Quartets, we would play them to Heinrich Gustavovich Neuhaus, who had an encyclopaedic knowledge of the works of Beethoven. We would enter his classroom, which was never empty (there were almost always twenty or thirty people in his classes).
He would say: ‘Ah, there you are, we were waiting for you. What are you going to play today?’
‘Beethoven’s Quartet in C sharp minor.’
‘Ah, opus 131’, and he would go to the piano and pick out the main themes without sitting down. For Mozart and Haydn, we would go to Alexander Goldenweiser, the great specialist in melisma. He would say: ‘Nobody knows how to play melismatic phrases properly apart from me’.
Neuhaus and Goldenweiser, whose influence we absorbed gratefully, also partnered us on the stage. There are still some recordings of the Quartet with Goldenweiser – Mozart’s Piano Quartet K493, an old record, a black one, you remember them? But no recording of us with Neuhaus has survived. Recording concerts live was not a very common practice. We played the Tchaikovsky Trios and the Schumann and Franck Piano Quintets together.
At the time we had other partners, excellent pianists who taught at the Moscow Conservatory: these included Yakov Zak »,Yakov Flier, Lev Oborin, Maria Veniaminovna Yudina, Grigory Ginzburg and Alexander Jocheles.
We also played our programme to Lev Moiseyevich Tseitlin, a wonderful chamber music player and creator of Persimfans, one of the most interesting experiments in the history of orchestral performance. He was always surprising, with a unique energy…. I remember our lessons with Lev Moiseyevich well. We played Ravel’s Quartet and Beethoven’s opus 59 no. 2 in E minor for him. We also played for Yampolsky, Kozolupov and others. Terian was closely involved with our Quartet, but advised (indeed insisted) that we consult these other musicians. This lack of jealousy towards his students was characteristic of the time. I only realised much later what lies behind jealousy and possessiveness (or the lack of it) towards one’s students. The psychological aspect is crucial here: young musicians must naturally increase their own capabilities and resources in order to gain liberty and confidence. Terian knew this. He took care over our artistic development. This lack of jealousy is part of what sets those teachers apart from the current generation.
The difference is huge, and it originates in musical reflection. Our quartet teacher was Yevgeny Mikhailovich Guzikov. (N.B. Y. Guzikov 1887-1972 was the first Russian teacher to set a pedagogical method for chamber ensembles, based on work he had done with the Komitas, Spendiarov, Glinka and Taneyev Quartets). He would not tolerate overly fast tempos. He taught us that ‘Allegro’ does not always mean ‘fast’. It is often an indication, of character, of joyfulness, particularly in classical works. Attention should not just be paid to the conventional symbols (which are, after all, just symbols) but also to the shape of the melody, the harmony, and a careful ear to sonorities. We must be able to read and appreciate the connotations of these symbols. Similarly, dynamics are primarily about shape and not decibels. What does ‘forte’ actually mean? With strength and solidity, not necessarily ‘loud’! This is how we learned rigour, thoroughness and thoughtfulness. What if none of these symbols is contained in the score, as in the works of Bach? This provides an opportunity to think about the way in which the music develops, about fingerings, and about bow strokes. Excessively fast tempos impoverish the music. More moderate speeds mean that the tonal beauty of the work can be shown in detail, along with the interplay of the voices and much more besides. Guzikov was therefore right in his view.
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