Étiquette : Mozart
Enregistré le 20 Octobre 1950 (K.478) & le 9 Novembre 1951 (K.493)
Alexander Goldenweiser (1875-1961), grand pianiste et grand pédagogue n’a peut-être pas de réputation particulière en ce qui concerne l’interprétation des œuvres de Mozart, mais dans ces deux Quatuors avec piano, son sens du style et de l’articulation font merveille, et sont même incroyablement modernes quand on songe qu’il est né en 1875. Pour le Quatuor n°1 K.478, il joue en collaboration avec des membres du Quatuor Komitas, et pour le Quatuor n°2 K.493 avec ceux du Quatuor Philharmonique de Moscou, c’est-à-dire la dénomination initiale du Quatuor Borodine (avec Rudolf Barshaï à l’alto).
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Quatuor avec piano n°1 K.478 Membres du Quatuor Komitas: Avet Gabrielyan, violon, Henrik Talalyan, alto et Sergei Aslamazyan, violoncelle
Le Quatuor Komitas a été fondé en 1924 par quatre étudiants d’origine arménienne du Conservatoire de Moscou: Avet Gabrielyan (1899-1983) et Levon Ogandjanyan, violons I et II, Mikhaïl Terian (1905-1987), alto et Sergei Aslamazyan (1897-1978), violoncelle. En 1947, Levon Ogandjanyan est remplacé par Rafael Davidyan (1923-1997) qui restera jusqu’en 1970, et Mikhaïl Terian est remplacé jusqu’en 1972 par Henrik Talalyan (1922-1972). Avet Gabrielyan restera violon I jusqu’en 1976 et Sergei Aslamazyan en tant que violoncelliste jusqu’en 1968.
Avet Gabrielyan
Henrik Talalyan
Sergei Aslamazyan
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Quatuor avec piano n°2 K.493 Membres du Quatuor Philharmonique de Moscou: Rostislav Dubinsky, violon, Rudolf Barshaï, alto et Valentin Berlinsky, violoncelle
Le Quatuor Philharmonique de Moscou a été fondé en 1945 par des élèves de la classe de Musique de Chambre de Mikhaïl Terian (co-fondateur du Quatuor Komitas) au Conservatoire de Moscou: Rostislav Dubinsky (1923-1997) et Vladimir Rabei, violons I et II, Yuri Nikolaïevsky (1925-2003), alto et Mstislav Rostropovitch, violoncelle pour peu de temps et vite remplacé par Valentin Berlinsky (1925-2008). Yuri Nikolaïevsky est remplacé en 1946 par Rudolf Barshaï (1924-2010). Vladimir Rabei est remplacé en 1947 par la première épouse de Rudolf Barshaï, Nina Barshaï, jusqu’à ce que Yaroslav Alexandrov (1927) lui succède en 1952. En 1953, Rudolf Barshaï quitte le Quatuor pour rejoindre le Quatuor Tchaïkovsky de Yulian Sitkovetsky (1925-1958) et est remplacé par Dmitry Shebalin. L’ensemble (Dubinsky, Alexandrov, Shebalin, Berlinsky), maintenant dénommé Quatuor Borodine, restera stable jusqu’en 1974, avec le départ de Yaroslav Alexandrov, remplacé par Andrei Abramenkov, puis en 1975, de Rostislav Dubinsky, remplacé par Mikhail Kopelman.
De gauche à droite: Rostislav Dubinsky, Valentin Berlinsky, Nina Barshaï et Rudolf Barshaï entourant Dimitri Chostakovitch
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Recorded October, 20 1950 (K.478) & November, 9 1951 (K.493)
Alexander Goldenweiser (1875-1961), great pianist and pedagogue may not be especially famous for his performances of Mozart works, but in both of these Piano Quartets, his sense of style and of articulation are splendid, and are even incredibly modern when one thinks he was born in 1875. For Quartet n°1 K.478, he plays with Members of the Komitas Quartet, and for Quartet n°2 K.493 with those of the Moscow Philharmonic Quartet, namely the initial name of the Borodin Quartet (with Rudolf Barshaï playing the viola).
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Piano Quartet n°1 K.478 with Members of the Komitas Quartet: Avet Gabrielyan, violin, Henrik Talalyan, viola and Sergei Aslamazyan, cello
The Komitas Quartet was founded in 1924 by four students of Armenian origin of the Moscow Conservatory: Avet Gabrielyan (1899-1983) and Levon Ogandjanyan, violins I and II, Mikhaïl Terian (1905-1987), viola and Sergei Aslamazyan (1897-1978), cello. In 1947, Levon Ogandjanyan is replaced by Rafael Davidyan (1923-1997) who remained until 1970, and Mikhaïl Terian is replaced until 1972 by Henrik Talalyan (1922-1972). Avet Gabrielyan remains violon I until 1976 and Sergei Aslamazyan as cellist until 1968.
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Piano Quartet n°2 K.493 with Members of the Moscow Philharmonic Quartet: Rostislav Dubinsky, violin, Rudolf Barshaï, viola and Valentin Berlinsky, cello
The Moscow Philharmonic Quartet was founded in 1945 by pupils of the Mikhaïl Terian’s Chamber Music Class (Terian being one of the co-founders of the Komitas Quartet) at the Moscow Conservatory: Rostislav Dubinsky (1923-1997) and Vladimir Rabei, violins I and II, Yuri Nikolaïevsky (1925-2003), viola and Mstislav Rostropovitch, cellist for a short period and quickly replaced by Valentin Berlinsky (1925-2008). Yuri Nikolaïevsky is replaced in 1946 by Rudolf Barshaï (1924-2010). Vladimir Rabei is replaced in 1947 by Rudolf Barshaï’s first wife Nina Barshaï until Yaroslav Alexandrov (1927) comes in (1952). In 1953, Rudolf Barshaï leaves the Quartet to join the Tchaïkovsky Quartet led by Yulian Sitkovetsky (1925-1958) and is replaced by Dmitry Shebalin (1930-2013). The ensemble (Dubinsky, Alexandrov, Shebalin, Berlinsky), now named Borodin Quartet, remains the same until 1974, with the departure of Yaroslav Alexandrov, replaced by Andrei Abramenkov and in 1975, of Rostislav Dubinsky, replaced by Mikhail Kopelman.
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Dmitry Tsyganov, violon I, Vassily Shirinsky, violon II, Vadim Borisovsky, alto I, Mikhaïl Terian, alto II et Sergei Shirinsky, violoncelle
Enregistré les 23 janvier & 6 février 1952
Voici une grande interprétation d’un chef-d’œuvre absolu de Mozart, le Quintette en sol mineur K.516. Aux membres du Quatuor Beethoven, s’est joint Mikhaïl Terian pour former un pupitre d’alto de très haut niveau, si important dans cette œuvre.
Vadim Borisovsky
Vadim Borisovsky (1900-1972) était considéré comme un des fondateurs de l’école russe d’alto et en tant qu’interprète et éditeur, il a contribué à en élargir le répertoire, notamment par de nombreuses transcriptions. Durant les années 20, avec l’aide de Paul Hindemith, il a dressé le catalogue complet des œuvres écrites pour alto et viole d’amour. Il jouait d’un instrument de grande taille (47,5 cm) du luthier Gaspara da Salò. Il a enseigné au Conservatoire de Moscou à partir de 1925. Parmi ses élèves, on notera bien sûr Rudolf Barshaï, mais aussi Fyodor Druzhinin qui lui succèdera au pupitre du Quatuor Beethoven, Dmitry Shebalin, l’altiste du Quatuor Borodine, et pour une courte période, Yuri Bashmet.
Mikhaïl Terian
Mikhaïl Terian (1905-1987) était à l’époque un altiste renommé, qui enseignait au Conservatoire de Moscou (classe d’alto depuis 1946 et de quatuor depuis 1935). En 1925, il a été un des co-fondateurs du Quatuor Komitas. Il a rejoint ensuite le Quatuor Oïstrakh. Il a aussi dirigé l’Orchestre du Conservatoire de Moscou et il existe d’ailleurs sous sa direction un enregistrement du Concerto de Beethoven Op.61 avec David Oïstrakh (publié par Moscow Conservatory Records SMC CD 0021).
Melodiya a édité deux fois l’enregistrement du Quintette K.516 sous forme de microsillon. Le première parution (1960) occupait les deux faces d’un disque 25 cm (D-8145/46), et le premier mouvement était donné avec les reprises (durée 12’45):
Par contre, pour la réédition de 1978, l’enregistrement a été gravé sur une face (M10-40859) d’un 33t. 30 cm, l’autre face étant occupée par le Quintette Op.29 de Beethoven avec les mêmes interprètes. La durée du premier mouvement, privée de ses reprises, se trouvait ainsi réduite presque de moitié à 6’40.
Ceci n’est pas sans conséquences, car cette œuvre repose sur une accumulation de tension avec des mouvements de plus en plus lents (Allegro – Allegretto – Adagio ma non troppo – Adagio), l’Adagio qui ouvre le dernier mouvement enchaînant « attacca » avec l’Allegro final libérateur. Dans la parution originale, l’accumulation de tension dès le premier mouvement est beaucoup plus importante, et la perception des mouvements suivants et donc de l’ensemble de l’œuvre n’est plus du tout la même.
Les deux reports, respectivement de 1960 et 1978, sont proposés en téléchargement.
I – Plages 01 à 04: Version avec les reprises dans le premier mouvement (33t. 25 cm D-8145/46).
II – Plages 05 à 08: Version sans les reprises dans le premier mouvement (33t. 30 cm M10-40859).
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Beethoven Quartet-M.Terian – Mozart Quintet K516
Dmitry Tsyganov, violin I, Vassily Shirinsky, violin II, Vadim Borisovsky, viola I, Mikhaïl Terian, viola II & Sergei Shirinsky, cello
Recorded January 23 & February 6, 1952
Here is a great performance of a major masterpiece by Mozart, namely the G minor Quintet K.516. With the members of the Beethoven Quartet, there is Mikhaïl Terian to form a very high level viola section, so important in this work.
Vadim Borisovsky (1900-1972) was considered as one of the founders of the Russian viola school, and as a performer as well as an editor, he contributed to broadening its repertoire, especially by way of many transcriptions. During the 20s, with Paul Hindemith’s contribution, he made a complete catalog of the works written for the viola and for the viola d’amore. He played on a very large viola (47.5 cm) built by Gaspara da Salò. He taught at the Moscow Conservatory since 1925. Among his pupils, were of course Rudolf Barshaï, but also Fyodor Druzhinin who was his successor when he left the Beethoven Quartet, Dmitry Shebalin, the viola player of the Borodin Quartet, and for a short period, Yuri Bashmet.
Mikhaïl Terian (1905-1987) was a reknowned viola player, who taught at the Moscow Conservatory (viola since 1946 and quartet since 1935). In 1925, he was one of the co-founders of the Komitas Quartet. He later joined the Oïstrakh Quartet. He has also conducted the Moscow Conservatory Orchestra and there exists under his baton a recording of Beethoven’s Concerto Op.61 with David Oïstrakh (published by Moscow Conservatory Records SMC CD 0021).
Melodiya has issued twice the recording of Quintet K.516 in the LP format. The first issue (1960) occupied both sides of a 10″ LP (D-8145/46), and the first movement was performed with the repeats (timing: 12’45).
On the other hand, for the 1978 re-issue, the recording was on but one side of a 12″ LP (M10-40859), Beethoven’s Quintet Op.29 with the same performers being on the other side. The length of the first movement, deprived of the repeats, was almost reduced by half (timing: 6’40).
This is not without drawbacks, because this works is built on an accumulation of tension with slower and slower movements (Allegro – Allegretto – Adagio ma non troppo – Adagio), the Adagio opening the last movement being played « attacca » with the liberating final Allegro. In the original issue, the accumulation of tension already present in the first movement is much more important, and the perception of the following movements and thus of the whole work is dramatically affected.
Both issues, respectively of 1960 and 1978, are available as downloads:
I – Tracks 01 to 04: Version with repeats in the first movement (33t. 25 cm 10″ LP D-8145/46).
II – Tracks 05 to 08: Version without repeats in the first movement (33t. 30 cm 12″ LP M10-40859).
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English Translation (downloadable pdf file) : Click here
1- Mozart Nozze di Figaro Ouverture – 29 Septembre 1926
Cosi fan tutte Ouverture – 2 Novembre 1926
Der Schauspieldirektor Ouverture – 6 Avril 1927
2- Strauss Rosenk. Walzer – Singakademie 12 Décembre 1928
3- Brahms Ungarische Tänzen n° 5 & 6 – 24 Février 1930
4- Dvorák Danses slaves opus 46 n°1 – 27 Février 1930 & opus 46 n°4 – 15 Juin 1930
5 -Smetana Vltava – Singakademie 10 Décembre 1928
N.B. « Staatskapelle Berlin » est le nom de l’Orchestre du Staatsoper quand il joue en concert.
Reports à partir des 33 tours suivants: Discophilia K1-B1 (1,2); Past Masters PM 14 (3,4) et Melodiya M10-43658 (5)
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I- Biographie
Leo Blech (21 avril 1871- 25 août 1958) a fait l’essentiel de sa carrière à Berlin en tant que « Generalmusikdirektor » du Staatsoper, l’Opéra National (2505 représentations!), ainsi qu’au Städtische Oper (l’Opéra Municipal). Sa biographie, surtout après 1933, est presque incroyable.
Il commence très tôt, en 1893, sa carrière de chef d’opéra à Aix-la-Chapelle où il dirige de nombreux d’opéras du répertoire ainsi que ses nouvelles compositions. En 1899, il est invité par Angelo Neumann à diriger à Prague au « Neues deutsches Theater » un cycle Wagner (Lohengrin, Tristan, Meistersinger) et il y restera 7 ans. Il faut dire qu’après la représentation de Tristan, Mahler a dit à Neumann « Si vous ne le prenez pas, eh bien , je l’emmène à Vienne!« . A Prague, il a l’occasion de donner les premières locales de Tiefland d’Eugen d’Albert, et en 1905 de Salomé après sa Première à Dresde. Richard Strauss le recommande alors comme chef au Berliner Linderoper (Staatsoper). Il y est donc nommé Kapellmeister en 1906, et fait ses débuts à Berlin avec Carmen, son œuvre fétiche qu’il dirigera plus de 600 fois jusqu’en 1953.
Leo Blech en 1906, au moment de sa nomination au Staatsoper
En 1913, il est nommé par l’Empereur Guillaume II Generalmusikdirektor à vie (Königlich Preussisch Generalmusikdirektor), le sixième et dernier musicien à recevoir ce titre, après Mendelssohn, Meyerbeer, Spontini, Karl Muck et Richard Strauss. Ce titre lui permettra d’échapper aux lois raciales et de rester en poste à Berlin jusqu’à sa retraite forcée en 1937.
Publicité de 1917 pour les disques Grammophon « sous la direction personnelle » du Kgl. GMD Leo Blech
En 1923, suite à une mésentente avec l’intendant de l’Opéra, Max von Schillings, il démissionne pour aller diriger au Deutsche Oper (« Städtische Oper »), et au Volksoper de Berlin et de Vienne, ainsi qu’à l’Opéra de Stockholm. En 1926, après le départ de von Schillings, il reprend son activité avec le titre de Generalmusikdirektor (GMD) puisqu’il lui a été conféré à vie. Le Generalmusikdirektor en poste est Erich Kleiber avec lequel il s’entend très bien. Ce dernier qui admirait beaucoup son aîné, évitait de lui faire sentir qu’il était en réalité son supérieur hiérarchique. Ce sera pour le Staatsoper avec le triumvirat formé par les deux GMD Kleiber et Blech, et le nouvel intendant Heinz Tietjen, avec les plus grands chanteurs de l’époque, et comme chefs invités principaux Bruno Walter et Wilhelm Furtwängler, une ère glorieuse, qui durera jusqu’en 1933, et s’achèvera définitivement avec le départ de Kleiber début janvier 1935.
Les deux GMD du Staatsoper invités à l’ Opernball en 1931: de gauche à droite Leo Blech et Erich Kleiber
L’habileté politique d’Heinz Tietjen, qui a su jouer de la rivalité entre les dirigeants nazis, lui permet de rester GMD jusqu’à sa retraite forcée en avril 1937, la raison officielle étant que le titre conféré à vie par l’Empereur Guillaume II ne pouvait être retiré.
The Times April 24, 1937 – Annonce de la retraite de Leo Blech – Cette représentation de Carmen a été donnée le 3 mars
Les dernières représentations de Leo Blech au Staatsoper en avril 1937
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En 1937, il part donc en exil à Riga et dirige à l’Opéra. Après l’invasion soviétique en 1940, Blech donne des concerts à Moscou et à Leningrad, et le succès est tel qu’on lui aurait dit-on proposé le poste de Directeur du Conservatoire de Moscou, qu’il refusa.
Affiche de l’Opéra de Riga pour Aida et Carmen le 31 octobre et le 6 novembre 1938
En 1941, suite à l’invasion des pays baltes par les Nazis, qui poursuivent leur politique raciale en commettant des massacres de masse, il parvient à contacter Tietjen pour qu’il intervienne afin qu’il puisse rejoindre Stockholm. Une voiture le conduit à l’Ambassade de Suède à Berlin, où un visa est délivré pour lui et son épouse, et il obtient un sauf-conduit pour le voyage. Il entame alors une nouvelle carrière à l’Opéra Royal de Stockholm où il est connu et apprécié, à côté de son gendre Herbert Sandberg.
Après la guerre, Tietjen devient en 1948 intendant à Berlin-Ouest du Deutsche Oper (Städtische Oper) et Blech en devient le GMD en 1949. Son retour est triomphal. Il y reste jusqu’à la fin de l’année 1953.
Première de la nouvelle mise en scène de Zauberflöte le 2 juin 1953
La dernière représentation dirigée par Leo Blech (Städtische Oper Berlin – 28 Novembre 1953)
II – Le chef et son répertoire:
Il était un grand chef wagnérien. Il a notamment dirigé deux fois le Ring à Berlin (1913 et 1929). Strauss lui a confié presque toutes les premières berlinoises de ses opéras (Salomé, Elektra, Ariadne, Frau ohne Schatten, Ägyptische Helena). Parmi les compositeurs de l’époque il dirigea Pfitzner, Schrecker, Busoni (Arlechino, Dr. Faust) et Prokofiev (Amour des Trois Oranges).
Il a beaucoup dirigé Mozart et son répertoire comportait également nombre d’opéras italiens de Verdi et Puccini.
Il a certes donné régulièrement des concerts, mais la carrière de chef de concert n’a jamais été une priorité pour lui.
Si au pupitre, il avait beaucoup de tempérament, et beaucoup de flexibilité dans les tempi, il était connu pour la précision et la discipline de ses répétitions, et la grande sécurité de sa direction pour les chanteurs.
En 1935, Richard Strauss est venu comme chef invité diriger son « Ariadne » au Staatsoper, œuvre que Blech avait donnée peu avant. Strauss a fait une répétition d’ensemble, et au bout d’un moment, il a interrompu la répétition pour remarquer qu’il n’avait pas voulu que sa partition soit exécutée de manière aussi précise qu’écrite (« Gehn S’, so g’nau hab’ ich dös gar net g’meint, als ich dös g’schrieben hab’! ».
Le témoignage de la soprano Delia Reinhardt publié en 1931 est particulièrement significatif: « Chaque soir où j’ai pu chanter sous la baguette de Leo Blech, j’ai pu ressentir à quel point il est merveilleux d’être conduit et accompagné par lui. Sa main et son oreille magistrale ont une telle compréhension pour la voix chantée, qu’il était devenu pour lui une évidence de respirer avec le chanteur. On plane ainsi avec une telle direction d’orchestre dans une liberté qui donne des ailes. C’est quelque chose de vraiment rare et de merveilleux pour l’artiste sur scène.. Et on peut oublier que sur scène, il n’y a la plupart du temps qu’un chanteur et beaucoup de musiciens dans la fosse d’orchestre – on peut être tranquille, rien ne peut arriver ».
Il avait l’habitude, à la fin des représentations, de glisser dans la poche des chanteurs des petits papiers avec des remarques critiques ou des compliments. A ce sujet, les avis des chanteurs étaient pour le moins partagés.
Il y eut à l’Opéra de Stockholm un grave incident qui l’opposa à Birgit Nilsson, et dans ses mémoires, Elisabeth Söderström, tout en reconnaissant ses compétences exceptionnelles, a écrit que les chanteurs le craignaient. Mais peut-être n’était-ce qu’une indication que les temps avaient changé et que ce qui était usuel ou accepté, même avec beaucoup de réticences, jusque dans les années Trente, ne l’était plus à la fin des années Quarante.
Il était également compositeur (7 opéras, une opérette, des pièces pour orchestre et des Lieder). L’Opéra « Versiegelt », créé à Hambourg en 1908, et repris ensuite notamment en 1931 (à Berlin et à Munich) , puis encore une fois après 1945 est l’œuvre qui a rencontré le plus de succès.
III – Repères discographiques:
Il a commencé à enregistrer en 1916 et sa discographie comporte pas moins de 1200 faces 78 tours.
En 1918, il grave entre autres l’ « Eroïca » de Beethoven, les Préludes de Liszt, et Vlatva de Smetana, et à partir de 1921, avec le BPO, l’ « Inachevée » de Schubert, la Cinquième de Beethoven, Siegfried-Idyll de Wagner ainsi que de nombreuses ouvertures.
Ses premiers enregistrements vocaux, avec Frida Leider et Lauritz Melchior, datent de Novembre/Décembre 1923. En 1924, il effectue des enregistrements avec l’orchestre du Staatsoper, et aussi celui de l’autre opéra de Berlin, le Deutsche Oper de Charlottenburg (« Städtische Oper »), notamment la Symphonie n°94 de Haydn.
En 1926/27, seront réalisés des enregistrements légendaires: avec Fritz Kreisler, les concertos de Beethoven, Brahms et Mendelssohn; des scènes d’opéras de Wagner avec Friedrich Schorr, Frieda Leider. Ivar Andresen et Rudolf Laubenthal et enfin la « Neuvième » Symphonie de Schubert enregistrée au Queen’s Hall de Londres avec le LSO.
Notons en 1928 et 1929 , de nouveaux enregistrements wagnériens avec Frida Leider et Lauritz Melchior, ainsi que des extraits des « Meistersinger » enregistrés en public (avril 1928) au Staatsoper.
En 1930, il grave la symphonie n°34 de Mozart, les symphonies n°5 et 8 de Schubert, et la symphonie n°5 de Tchaïkovski.
En 1931, il fait à Londres, au Kingsway Hall, une série d’enregistrements avec le LSO.
Il continuera à enregistrer, essentiellement des extraits d’opéra (avec notamment Erna Berger, Tiana Lemnitz, Julius Patzak et Heinrich Schlusnus) pour DGG et Electrola jusqu’en juin 1935.
A Stockholm, il fait en 1946 pour HMV quelques enregistrements wagnériens avec Joël Berglund.
Après la guerre, il grave également quelques ouvertures d’opéras d’une part pour DGG à Berlin, et d’autre part en 1947 pour Decca avec l’Orchestre de la Suisse Romande (OSR). Avec l’OSR, il enregistre aussi la 94ème de Haydn.
Pendant toute sa carrière, il a fait un grand nombre d’enregistrements d’ouvertures d’opéra, de poèmes symphoniques, ou de courtes œuvres pour orchestre.
La politique des éditeurs de disques a eu pour conséquence qu’il est essentiellement connu comme un chef « accompagnant » des chanteurs ou bien le violoniste Fritz Kreisler. La qualité remarquable de ses prestations avec notamment Leider et Melchior, et bien entendu Kreisler, a retenu l’attention, mais pas au point de conduire, sauf à de rares occasions, à la réédition de ses enregistrements purement orchestraux. Pourtant son dynamisme, sa rigueur et son sens du théâtre en font un chef passionnant, plein d’idées originales.
Ce premier programme est une sorte de carte de visite qui le montre sous son jour le plus brillant. Par la suite, d’autres enregistrements permettront d’éclairer les autres facettes de son talent.
Blech savait s’adapter aux limitations des techniques de l’époque. Malgré l’ancienneté des prises de son, les interprétations sont étonnamment lisibles. Les deux enregistrements de 1928, qui bénéficient de l’acoustique de la Singakademie, sont d’une richesse de détails vraiment étonnante.
La Staatsopernkapelle sous la direction d’ Erich Kleiber en 1928
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Bibliographie:
– Leo Blech Ein Brevier von Walter Jacob (Prismen Verlag Hamburg – Leipzig- 1931)
– Leo Blech Komponist-Kapellmeister-GMD Jutta Lambrecht (Hentrich & Hentrich Centrum Judaicum Berlin 2015)
– Helge Rosvaenge Mach es besser, mein Sohn (Koehler & Amelang – Leipzig 1963)
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Cantelli – II – Haydn & Mozart
Haydn Symphonies n° 88 (Carnegie Hall NBC SO Dec 20, 1952)
et n°93 (Boston Symphony Hall BSO Jan, 31, 1953)
Mozart Symphonie n°29 K 201 (Carnegie Hall NBC SO Dec 13, 1952)
Source: Bande/Tape 19 cm/s / 7.5 ips
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Guido Cantelli (1920-1956) n’a pas beaucoup joué Haydn, et son répertoire est resté limité à quelques symphonies, à savoir les n° 88, 93 et 94. Il a aussi dirigé une fois avec le NYPO (29 janvier 1955) le concerto pour violoncelle en ré majeur avec Lazlo Varga.
Il tenait particulièrement à la 93ème qu’il a donnée avec presque tous les orchestres qu’il a connus: NYPO, NBC SO, BSO, Pittsburgh SO, San Francisco SO, Chicago SO, Orch. del Teatro alla Scala, Philharmonia Orch. Il a choisi cette œuvre pour son premier enregistrement (NBC SO 2 mars 1949).
Pour sa première apparition à Boston (30&31 janvier 1953), Cantelli avait placé la symphonie n°93 de Haydn au début de son programme, avant Jeux de Cartes de Stravinsky, l’Ouverture de Sémiramis de Rossini et la 5ème de Tchaïkovski.
La 88ème ouvrait le concert du 20 décembre 1952 avec le NBC SO, avant Jeu de Cartes de Stravinski et le Boléro de Ravel.
La 29ème était la seule symphonie de Mozart qu’il jouait régulièrement. Il a donné la 38ème une fois à Venise (Teatro La Fenice 9 avril 1948). Il a également dirigé le Divertimento K. 287, le Musikalischer Spass K.522, le Requiem K. 626 et aussi deux concerti, avec le NYPO: n°20 K 466 avec Serkin; n° 21 K 467 avec Gieseking. Le n°23 K 488 avec Casadesus et le n°24 K 491 avec Firkusny étaient programmés avec le NYPO pour décembre 1956. C’est Paul Paray qui dirigea le concerto n°23, et Leonard Bernstein, le n°24.
Les seize représentations de Cosi fan Tutte avec la Piccola Scala (Milan et Johannesburg) sont restées mémorables.
La 29ème symphonie ouvrait le programme du 13 décembre 1952 avec le NBC SO, avant la Musique pour cordes percussions et célesta de Bartók.
L’interprétation de ces trois œuvres est jeune et dynamique, et plutôt moderne pour l’époque. Si l’influence de Toscanini reste sensible, elles nous montrent un Cantelli qui s’est émancipé de son mentor.
Elles sont une invitation à un petit voyage musical entre New-York et Boston:
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