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Blech- I – Staatskapelle Berlin – Divers 1926-1930

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1- Mozart Nozze di Figaro Ouverture – 29 Septembre 1926

                              Cosi fan tutte Ouverture – 2 Novembre 1926

                   Der Schauspieldirektor Ouverture – 6 Avril 1927

2- Strauss Rosenk. Walzer – Singakademie 12 Décembre 1928

3- Brahms Ungarische Tänzen n° 5 & 6 – 24 Février 1930

4- Dvorák Danses slaves opus 46 n°1 – 27 Février 1930 & opus 46 n°4 – 15 Juin 1930

5 -Smetana Vltava – Singakademie 10 Décembre 1928

N.B. « Staatskapelle Berlin » est le nom de l’Orchestre du Staatsoper quand il joue en concert.

Reports à partir des 33 tours suivants: Discophilia K1-B1 (1,2); Past Masters PM 14 (3,4) et Melodiya M10-43658 (5)

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I- Biographie

Leo Blech (21 avril 1871- 25 août 1958) a fait l’essentiel de sa carrière à Berlin en tant que « Generalmusikdirektor » du Staatsoper, l’Opéra National (2505 représentations!), ainsi qu’au Städtische Oper (l’Opéra Municipal). Sa biographie, surtout après 1933, est presque incroyable.

Il commence très tôt, en 1893, sa carrière de chef d’opéra à Aix-la-Chapelle où il dirige de nombreux d’opéras du répertoire ainsi que ses nouvelles compositions. En 1899, il est invité par Angelo Neumann à diriger à Prague au « Neues deutsches Theater » un cycle Wagner (Lohengrin, Tristan, Meistersinger) et il y restera 7 ans. Il faut dire qu’après la représentation de Tristan, Mahler a dit à Neumann « Si vous ne le prenez pas, eh bien , je l’emmène à Vienne!« . A Prague, il a l’occasion de donner les premières locales de Tiefland d’Eugen d’Albert, et en 1905 de Salomé après sa Première à Dresde. Richard Strauss le recommande alors comme chef au Berliner Linderoper (Staatsoper). Il y est donc nommé Kapellmeister en 1906, et fait ses débuts à Berlin avec Carmen, son œuvre fétiche qu’il dirigera plus de 600 fois jusqu’en 1953.

Leo Blech en 1906, au moment de sa nomination au Staatsoper

En 1913, il est nommé par l’Empereur Guillaume II Generalmusikdirektor à vie (Königlich Preussisch Generalmusikdirektor), le sixième et dernier musicien à recevoir ce titre, après Mendelssohn, Meyerbeer, Spontini, Karl Muck et Richard Strauss. Ce titre lui permettra d’échapper aux lois raciales et de rester en poste à Berlin jusqu’à sa retraite forcée en 1937.

Publicité de 1917 pour les disques Grammophon « sous la direction personnelle » du  Kgl. GMD Leo Blech

En 1923, suite à une mésentente avec l’intendant de l’Opéra, Max von Schillings, il démissionne pour aller diriger au Deutsche Oper (« Städtische Oper »), et au Volksoper de Berlin et de Vienne, ainsi qu’à l’Opéra de Stockholm. En 1926, après le départ de von Schillings, il reprend son activité avec le titre de Generalmusikdirektor (GMD) puisqu’il lui a été conféré à vie. Le Generalmusikdirektor en poste est Erich Kleiber avec lequel il s’entend très bien. Ce dernier qui admirait beaucoup son aîné, évitait de lui faire sentir qu’il était en réalité son supérieur hiérarchique. Ce sera pour le Staatsoper avec le triumvirat formé par les deux GMD Kleiber et Blech, et le nouvel intendant Heinz Tietjen, avec les plus grands chanteurs de l’époque, et comme chefs invités principaux Bruno Walter et Wilhelm Furtwängler, une ère glorieuse, qui durera jusqu’en 1933, et s’achèvera définitivement avec le départ de Kleiber début janvier  1935.

Les deux GMD du Staatsoper invités à l’ Opernball en 1931: de gauche à droite Leo Blech et Erich Kleiber

L’habileté politique d’Heinz Tietjen, qui a su jouer de la rivalité entre les dirigeants nazis, lui permet de rester GMD jusqu’à sa retraite forcée en avril 1937, la raison officielle étant que le titre conféré à vie par l’Empereur Guillaume II ne pouvait être retiré.

The Times April 24, 1937 – Annonce de la retraite de Leo Blech – Cette représentation de Carmen a été donnée le 3 mars

Les dernières représentations de Leo Blech au Staatsoper en avril 1937

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En 1937, il part donc en exil à Riga et dirige à l’Opéra. Après l’invasion soviétique en 1940, Blech donne des concerts à Moscou et à Leningrad, et le succès est tel qu’on lui aurait dit-on proposé le poste de Directeur du Conservatoire de Moscou, qu’il refusa.

Affiche de l’Opéra de Riga pour Aida et Carmen le 31 octobre et le 6 novembre 1938

En 1941, suite à l’invasion des pays baltes par les Nazis, qui poursuivent leur politique raciale en commettant des massacres de masse, il parvient à contacter Tietjen pour qu’il intervienne afin qu’il puisse rejoindre Stockholm. Une voiture le conduit à l’Ambassade de Suède à Berlin, où un visa est délivré pour lui et son épouse, et il obtient un sauf-conduit pour le voyage. Il entame alors une nouvelle carrière à l’Opéra Royal de Stockholm où il est connu et apprécié, à côté de son gendre Herbert Sandberg.

Après la guerre, Tietjen devient en 1948 intendant à Berlin-Ouest du Deutsche Oper (Städtische Oper) et Blech en devient le GMD en 1949. Son retour est triomphal. Il y reste jusqu’à la fin de l’année 1953.

Première de la nouvelle mise en scène de Zauberflöte le 2 juin 1953

La dernière représentation dirigée par Leo Blech (Städtische Oper Berlin – 28 Novembre 1953)

II – Le chef et son répertoire:

Il était un grand chef wagnérien. Il a notamment dirigé deux fois le Ring à Berlin (1913 et 1929). Strauss lui a confié presque toutes les premières berlinoises de ses opéras (Salomé, Elektra, Ariadne, Frau ohne Schatten, Ägyptische Helena). Parmi les compositeurs de l’époque il dirigea Pfitzner, Schrecker, Busoni (Arlechino, Dr. Faust) et Prokofiev (Amour des Trois Oranges).

Il a beaucoup dirigé Mozart et son répertoire comportait également nombre d’opéras italiens de Verdi et Puccini.

Il a certes donné régulièrement des concerts, mais la carrière de chef de concert n’a jamais été une priorité pour lui.

Si au pupitre, il avait beaucoup de tempérament, et beaucoup de flexibilité dans les tempi, il était connu pour la précision et la discipline de ses répétitions, et la grande sécurité de sa direction pour les chanteurs.

En 1935, Richard Strauss est venu comme chef invité diriger son « Ariadne » au Staatsoper, œuvre que Blech avait donnée peu avant. Strauss a fait une répétition d’ensemble, et au bout d’un moment, il a interrompu la répétition pour remarquer qu’il n’avait pas voulu que sa partition soit exécutée de manière aussi précise qu’écrite (« Gehn S’, so g’nau hab’ ich dös gar net g’meint, als ich dös g’schrieben hab’! ».

Le témoignage de la soprano Delia Reinhardt publié en 1931 est particulièrement significatif: « Chaque soir où j’ai pu chanter sous la baguette de Leo Blech, j’ai pu ressentir à quel point il est merveilleux d’être conduit et accompagné par lui. Sa main et son oreille magistrale ont une telle compréhension pour la voix chantée, qu’il était devenu pour lui une évidence de respirer avec le chanteur. On plane ainsi avec une telle direction d’orchestre dans une liberté qui donne des ailes. C’est quelque chose de vraiment rare et de merveilleux pour l’artiste sur scène.. Et on peut oublier que sur scène, il n’y a la plupart du temps qu’un chanteur et beaucoup de musiciens dans la fosse d’orchestre – on peut être tranquille, rien ne peut arriver ».

Il avait l’habitude, à la fin des représentations, de glisser dans la poche des chanteurs des petits papiers avec des remarques critiques ou des compliments. A ce sujet, les avis des chanteurs étaient pour le moins partagés.

Il y eut à l’Opéra de Stockholm un grave incident qui l’opposa à Birgit Nilsson, et dans ses mémoires, Elisabeth Söderström, tout en reconnaissant ses compétences exceptionnelles, a écrit que les chanteurs le craignaient. Mais peut-être n’était-ce qu’une indication que les temps avaient changé et que ce qui était usuel ou accepté, même avec beaucoup de réticences, jusque dans les années Trente, ne l’était plus à la fin des années Quarante.

Il était également compositeur (7 opéras, une opérette, des pièces pour orchestre et des Lieder). L’Opéra « Versiegelt », créé à Hambourg en 1908, et repris ensuite notamment en 1931 (à Berlin et à Munich) , puis encore une fois après 1945 est l’œuvre qui a rencontré le plus de succès.

III – Repères discographiques:

Il a commencé à enregistrer en 1916 et sa discographie comporte pas moins de 1200 faces 78 tours.

En 1918, il grave entre autres l’ « Eroïca » de Beethoven, les Préludes de Liszt, et Vlatva de Smetana, et à partir de 1921, avec le BPO, l’ « Inachevée » de Schubert, la Cinquième de Beethoven, Siegfried-Idyll de Wagner ainsi que de nombreuses ouvertures.

Ses premiers enregistrements vocaux, avec Frida Leider et Lauritz Melchior, datent de Novembre/Décembre 1923. En 1924, il effectue des enregistrements avec l’orchestre du Staatsoper, et aussi celui de l’autre opéra de Berlin, le Deutsche Oper de Charlottenburg (« Städtische Oper »), notamment la Symphonie n°94 de Haydn.

En 1926/27, seront réalisés des enregistrements légendaires: avec Fritz Kreisler, les concertos de Beethoven, Brahms et Mendelssohn; des scènes d’opéras de Wagner avec Friedrich Schorr, Frieda Leider. Ivar Andresen et Rudolf Laubenthal et enfin la « Neuvième » Symphonie de Schubert enregistrée au Queen’s Hall de Londres avec le LSO.

Notons en 1928 et 1929 , de nouveaux enregistrements wagnériens avec Frida Leider et Lauritz Melchior, ainsi que des extraits des « Meistersinger » enregistrés en public (avril 1928) au Staatsoper.

En 1930, il grave la symphonie n°34 de Mozart, les symphonies n°5 et 8 de Schubert, et la symphonie n°5 de Tchaïkovski.

En 1931, il fait à Londres, au Kingsway Hall, une série d’enregistrements avec le LSO.

Il continuera à enregistrer, essentiellement des extraits d’opéra (avec notamment Erna Berger, Tiana Lemnitz, Julius Patzak et Heinrich Schlusnus) pour DGG et Electrola jusqu’en juin 1935.

A Stockholm, il  fait en 1946 pour HMV quelques enregistrements wagnériens avec Joël Berglund.

Après la guerre, il grave également quelques ouvertures d’opéras d’une part pour DGG à Berlin, et d’autre part en 1947 pour Decca avec l’Orchestre de la Suisse Romande (OSR). Avec l’OSR, il enregistre aussi la 94ème de Haydn.

Pendant toute sa carrière, il a fait un grand nombre d’enregistrements d’ouvertures d’opéra, de poèmes symphoniques, ou de courtes œuvres pour orchestre.

La politique des éditeurs de disques a eu pour conséquence qu’il est essentiellement connu comme un chef « accompagnant » des chanteurs ou bien le violoniste Fritz Kreisler. La qualité remarquable de ses prestations avec notamment Leider et Melchior, et bien entendu Kreisler, a retenu l’attention, mais pas au point de conduire, sauf à de rares occasions, à la réédition de ses enregistrements purement orchestraux. Pourtant son dynamisme, sa rigueur et son sens du théâtre en font un chef passionnant, plein d’idées originales.

Ce premier programme est une sorte de carte de visite qui le montre sous son jour le plus brillant. Par la suite, d’autres enregistrements permettront d’éclairer les autres facettes de son talent.

Blech savait s’adapter aux limitations des techniques de l’époque. Malgré l’ancienneté des prises de son, les interprétations sont étonnamment lisibles. Les deux enregistrements de 1928, qui bénéficient de l’acoustique de la Singakademie, sont d’une richesse de détails vraiment étonnante.

La Staatsopernkapelle sous la direction d’ Erich Kleiber en 1928

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Bibliographie:

– Leo Blech Ein Brevier von Walter Jacob (Prismen Verlag Hamburg – Leipzig- 1931)

– Leo Blech Komponist-Kapellmeister-GMD  Jutta Lambrecht (Hentrich & Hentrich Centrum Judaicum Berlin 2015)

– Helge Rosvaenge Mach es besser, mein Sohn (Koehler & Amelang – Leipzig 1963)

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4 réponses sur « Blech- I – Staatskapelle Berlin – Divers 1926-1930 »

Merci. J’espère bien, à l’occasion de futures mises en ligne arriver à dresser un portrait musical de ce très grand chef qui a été un peu oublié pour des raisons historiques et auquel sa discographie abondante peut rendre justice à condition de faire les efforts nécessaires pour la mettre en perspective.

Ce grand serviteur de la musique n’avait pas un appétit de carrière. En 1937, après sa retraite forcée, il s’est contenté d’un poste relativement modeste à Riga, et ensuite à Stockholm alors qu’il aurait pu être accueilli à bras ouverts dans maintes maisons d’opéra.

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