Busch Quartet: Adolf Busch & Gösta Andreasson, violin I & II; Karl Doktor, viola; Hermann Busch, cello
Beethoven Quartet n°8 Op.59 n°2 New York Liederkranz Hall – May 28 & 29, June 2, 1941
Source: 33t/LP CBS/SONY 20AC 1295
En mai 1930, Fred Gaisberg (HMV), a proposé au Quatuor Busch d’enregistrer les quatuors de Beethoven Op.18 n°1 et 2 , Op.59 n°2, Op. 95 et Op.132. Hermann Busch ayant remplacé Paul Grümmer au pupitre de violoncelle pendant l’été 1930, les enregistrements n’ont commencé que fin 1932, et seuls les quatuors Op.18 n°1, Op.95 et Op.132 ont alors été gravés.
En ce qui concerne le quatuor n°8 Op.95 n°2, Tully Potter rapporte que Gaisberg a continué à le proposer à Busch jusqu’à ce que le Quatuor de Budapest l’enregistre en 1936, qu’il le mettra de nouveau en avant à la fin des années trente, et qu’en fait la correspondance entre HMV et Busch montre clairement que Gaisberg souhaitait un cycle beethovénien complet par le Quatuor Busch, indépendamment des duplications avec d’autres ensembles.
Le quatuor n°8 Op.59 n°2 a été finalement enregistré en 1941 (XCO 30614/23), le premier enregistrement commercial de Busch aux États-Unis, mais il n’a jamais été publié en 78 tours, prétendument à cause d’une édition concurrente chez Victor (RCA) par le Coolidge Quartet, mais il se pourrait que sa qualité technique ait pu également être à l’origine de cette décision. La prise de son est nettement moins bonne que pour le quatuor n°7 Op. 59 n°1*: le son est relativement dur, avec de la distorsion.
Il faudra attendre 1981 (20 AC 1295 ou 20 AC 1883) pour une publication en microsillon, mais seulement au Japon, de cette exécution vraiment inspirée. Ce ne sera pas dans les meilleures conditions, car ses quelque 36’ ont été logées sur une seule face de microsillon, l’autre face étant consacrée pour la référence 20 AC 1295 à des œuvres de Corelli, Tartini, Geminiani, Haendel et Brahms et pour la référence 20 AC 1883, au Quatuor n°3 Op. 67 de Brahms. Il n’y aura pas d’édition en CD de la part de Sony. C’est la firme anglaise Biddulph qui s’en chargera en 2004 (CD 80208-2).
La gravure en une seule face d’un 33 tours n’arrange pas les choses, car il a fallu pour cela alléger les graves de manière préjudiciable aux sonorités des musiciens, et surtout au violoncelle d’Hermann Busch.
Biddulph a choisi une égalisation convaincante pour améliorer l’écoute, mais la tension du discours musical et la vivacité du staccato de Busch, en particulier dans le Finale interprété avec un enthousiasme et une énergie communicatives, en ressortent quand même un peu amoindries.
En 2017, Sony a réédité les enregistrements de Serkin dont ceux avec Adolf Busch. Ils sont disponibles en téléchargement HD. La sonate violon-piano de Beethoven n°5 Op.24 (9 octobre 1951), restée inédite, n’a été publiée qu’en 2021, une nouvelle fois par Biddulph (CD 85004-2).
Espérons que Sony publiera prochainement une Edition complète consacrée à Adolf Busch.
* Dans le Presto, à 2’40 il se produit une courte interruption du son (présente sur le 33 tours et en partie corrigé sur le CD Biddulph), qui fait penser à un mauvais montage entre deux faces. En effet, Tully Potter indique que, pour la Face 9 (XCO 30622), le quatuor a du enchaîner la fin de l’Allegretto, une pause et le début du Finale, et dans cette hypothèse, la Face 10 (XCO 30623) dure seulement 2’25.
In May 1930, Fred Gaisberg (HMV), proposed to the Busch Quartet to record Beethoven’s quartets Op.18 n°1 and 2 , Op.59 n°2, Op. 95 and Op.132. Hermann Busch having replaced Paul Grümmer as the quartet cellist during the summer of 1930, the recordings began only at the end of 1932, and only quartets Op.18 n°1, Op.95 and Op.132 were cut.
As to quartet n°8 Op.95 n°2, Tully Potter tells that Gaisberg kept proposing it to Busch until the Budapest Quartet recorded it in 1936, that he put it forward again at the end of the 30s, and that in fact it is clear from the HMV-Busch correspondance that Gaisberg wished to have the complete Beethoven cycle done by the Busch Quartet, regardless of duplications with other ensembles.
Quartet n°8 Op.59 n°2 was finally recorded in 1941 (XCO 30614/23), Busch’s first commercial recording in the USA, but it was never issued on 78rpm discs, supposedly because of another competitive issue from Victor (RCA) by the Coolidge Quartet, but it might be that its technical quality was also a reason for this decision. The recorded sound is clearly not as good as for quartet n°7 Op. 59 n°1*: it is rather harsh with a certain amount of distortion.
It was not until 1981 (20 AC 1295 ou 20 AC 1883) that a LP publication of this truly inspired performance appeared, but only in Japan. It was not in the best conditions, for its 36’ have been squeezed onto a single LP side, the other side being devoted for reference 20 AC 1295 to works by Corelli, Tartini, Geminiani, Haendel and Brahms and for reference 20 AC 1883, to Brahms’ Quartet n°3 Op. 67, and without a further CD issue by Sony. This happened only in 2004 and it is Biddulph that published it (CD 80208-2).
Having the whole work on one LP side doesn’t ease things, since the lower frequencies had to be desemphasised, which proved detrimental to the sound of the musicians, especially to Hermann Busch’s cello.
Biddulph has chosen a convincing equalization to improve the listening, but the tension of the musical discourse and the vivacity of Busch’s staccato, particularly in the Finale which he performed with a communicative enthousiasm and energy, come out somewhat reduced.
In 2017, Sony re-issued Serkin’s recordings, including those with Adolf Busch. They are available as Hi-Res downloads. Beethoven’s violin-piano sonata n°5 Op.24 (October 9, 1951), previously unissued, was published only in 2021, once more by Biddulph (CD 85004-2).
Let’s hope Sony will shortly issue a complete Adolf Busch Edition.
* At 2’40 into the Presto, there is a short interruption in the sound (both on the LP and, partly corrected, on the Biddulph CD), which sounds like a bad side break. Indeed, Tully Potter mentions that for Side 9 (XCO 30622), the quartet had to perform in sequence the end of the Allegretto, a pause and the beginning of the Finale. In this hypothesis, Side 10 (XCO 30623) lasts only 2’25.
Busch Quartet: Adolf Busch & Gösta Andreasson, violin I & II; Karl Doktor, viola; Hermann Busch, celloBeethoven Quartet n°7 Op.59 n°1 New York Liederkranz Hall – May 15 & 25, 1942
Haydn Quartet Op103- Menuetto – New York Liederkranz Hall – May 25,1942
Source: 33t/LP CBS/SONY SOCU 12
Le Quatuor Busch a enregistré les trois quatuors de l’Opus 59 (‘Rasoumovsky’).
Le premier à être enregistré a été le n°9 Op.95 n°3, à Londres, dans le studio n°3 d’Abbey Road les 10 et 16 novembre 1933.
Le quatuor n°8 op.95 n°2 l’a été à New York, au Liederkranz Hall, les 28 et 29 mai et le 2 juin 1941. Il s’agissait des toutes premières séances commerciales de Busch aux États-Unis. Il n’a jamais été publié en 78 tours, prétendument à cause d’une édition concurrente chez Victor (RCA) par le Coolidge Quartet, et il a fallu attendre 1981 pour qu’une publication en microsillon apparaisse, mais seulement au Japon (CBS/SONY 20 AC 1295 et 20 AC 1883), sans qu’ensuite une édition en CD voie le jour. Il faudra pour cela attendre 2004 et c’est Biddulph qui le fera (CD 80208-2).
Enfin, le quatuor n°7 Op.95 n°1, enregistré en 1942 est paru normalement en 78 tours.
Comme le quatuor n°7 Op.95 n°1 occupait un nombre impair de faces, le Menuetto du quatuor inachevé Op.103 de Haydn a été choisi pour servir de complément. Bien qu’il ait eu une trentaine de quatuors de Haydn à son répertoire, il ne reste aucun autre enregistrement d’un quatuor de Haydn par le Quatuor Busch*, même parmi les archives radiophoniques, et de plus, si ce Menuetto a fait l’objet de plusieurs publications en microsillon, il n’y a pas eu de réédition en CD, si bien qu’il est devenu une rareté discographique.
*En Europe, Fred Gaisberg a donné l’exclusivité discographique des Quatuors de Haydn au Quatuor Pro Arte pour la Haydn Quartet Society, et aux Etats-Unis, l’Op.51 (Les Sept Dernières Paroles du Christ), que le Quatuor Busch tenait beaucoup à enregistrer, a été attribué au Primrose Quartet.
The Busch Quartet has recorded the three quartets from Opus 59 (‘Rasoumovsky’).
The first was n°9 Op.95 n°3, in London, in Abbey Road studio n°3 on November 10 and 16, 1933.
N°8 Op.95 n°2 was recorded in New York, at the Liederkranz Hall, on May 28 and 29, and June 2, 1941, Busch’s very first commercial sessions in the USA. It has never been published on 78rpm records, supposedly because of another competitive issue from Victor (RCA) by the Coolidge Quartet, and it was not until 1981 that a LP Edition surfaced, but only in Japan (CBS/SONY 20 AC 1295 et 20 AC 1883), and without a further CD issue. This happened only in 2004 and it is Biddulph that published it (CD 80208-2).
Lastly, quartet n°7 Op.95 n°1, recorded in 1942 was published in due course on 78 rpm records.
As quartet n°7 Op.95 n°1 needed an uneven number of sides, the Menuetto from Haydn’s Unfinished quartet Op.103 was chosen as a filler. Although it had about thirty Haydn’s quartets in its repertoire, there remains no other recording of a Haydn quartet by the Busch Quartet*, even in the Radio Archives, and more, if this Menuetto has been published several times on LP, there has been no CD re-issue, so that it has become a discographic rarity.
*In Europe, Fred Gaisberg granted a discographic exclusivity of the Haydn Quartets for the Haydn Quartet Society to the Quatuor Pro Arte, and, in the USA, Op.51 (The Seven Last Words of Christ), which the Busch Quartet was eager to record, was given to the Primrose Quartet.
Le label Maestro Editions de Richard Chlupaty (dont nous vous avons déjà présenté la publication du concert d’Edwin Fischer au Festival de Strasbourg 1953) propose une édition en CD (ME 008) des Concertos Brandebourgeois n°3 et 5 donnés au Festival de Salzburg 1950 à partir des meilleurs documents d’origine accessibles, et sans aucun traitement numérique. Par rapport aux éditions disponibles en CD, la plus-value musicale est importante.
Pour plus d’information, lire l’article en cliquant sur le lien:
furtwangler-bach-brandenburgische-konzerte-n-3-bwv-1048-5-bwv-1050-wpo/
Richard Chlupaty’s label Maestro Editions (from which we have already presented the issue of Edwin Fischer’s concert at the ‘Festival de Strasbourg 1953’) now offers a CD (ME 008) with Brandenburg Concertos n°3 and 5 given at the 1950 Salzburg Festival from the best available original documents, without any sonic processing. Musically, the improvement is important over the available CD issues.
To know more about this issue, please click on this link:
furtwangler-bach-brandenburgische-konzerte-n-3-bwv-1048-5-bwv-1050-wpo/
Rudolf Serkin Steinway piano – Guido Cantelli New York Philharmonic (NYPO)
Mozart Concerto n°20 K. 466 (Cadenzas: Beethoven) – Carnegie Hall March 27, 1953
Beethoven Concerto n°1 Op.15 (Cadenza: Beethoven Version III) – Carnegie Hall March 29, 1953
Source: Bande / Tape – 19 cm/s / 7.5 ips
L’invitation de nombreux solistes faisait partie intégrante de la politique des programmes du New York Philharmonic (NYPO). Cantelli a commencé à diriger le NYPO en janvier 1952, et très vite, un nombre appréciable de grands pianistes se sont produits avec lui: successivement de 1952 à 1956, Rudolf Firkušný, Nicole Henriot-Schweitzer, Claudio Arrau, Rudolf Serkin, Robert Casadesus, Walter Gieseking et Wilhelm Backhaus, et une série d’enregistrements radiophoniques nous permet d’apprécier ses qualités exceptionnelles en tant que partenaire, bien plus qu’accompagnateur.
Rudolf Serkin a fêté son cinquantième anniversaire le 28 mars 1953. Avec Guido Cantelli et le NYPO, il a joué les 26 et 27 le Concerto n°20 K.466 de Mozart et le 29, le Concerto n°1 Op.15 de Beethoven. Le jour même de son anniversaire, il a répété le concerto de Beethoven avec l’orchestre.
D’habitude, la Radio ne retransmet que le concert du dimanche dont le programme, comme ici, diffère de ceux qui ont été joués au cours de la semaine. Nous avons cependant la chance d’avoir un enregistrement du concerto de Mozart joué le vendredi 27.
Les critiques musicaux new-yorkais se sont accordés pour trouver mémorable l’interprétation par Serkin du concerto de Mozart et pour louer la direction de Cantelli.
Harris Goldsmith, qui a assisté au concert du 29 alors qu’il était encore étudiant en piano, a relaté bien plus tard à quel point l’interprétation beethovénienne de Serkin, portée par les tempi rapides et fougueux de Cantelli, qui lui rappelaient ceux de Toscanini (avec Ania Dorfmann), était à la fois musicale et intense.
On notera dans le largo du concerto de Beethoven la finesse du dialogue entre le piano et le clarinettiste solo du NYPO, Robert Mc Ginnis.
Inviting a large number of soloists was an integral part of the schedule of the New York Philharmonic (NYPO). Cantelli started conducting the NYPO in January 1952, and very soon, a significant number of great pianists performed with him: successively from 1952 to 1956, Rudolf Firkušný, Nicole Henriot-Schweitzer, Claudio Arrau, Rudolf Serkin, Robert Casadesus, Walter Gieseking and Wilhelm Backhaus, and a series of broadcast recordings allows us to appreciate his exceptional qualities as a partner, rather than an accompanist.
Rudolf Serkin’s fiftieth birthday was on March 28, 1953. With Guido Cantelli and the NYPO, he played Mozart’s Concerto n°20 K.466 on the 26 and 27, and on the 29, Beethoven’s Concerto n°1 Op.15. On the birthday itself, he rehearsed the Beethoven concerto with the orchestra.
Usually, the Radio broadcasts only the Sunday concert whose program, as here, is different from those that have been played during the week. We are however lucky to have a recording of the Mozart’s concerto played on the Friday 27.
New York music critics agreed to find Serkin’s performance of the Mozart concerto memorable and to praise Cantelli’s conducting.
Harris Goldsmith, who attended the concert on the 29 when he was still a piano student, remembered many years later to what extend Serkin’s Beethoven performance, uplifted by Cantelli’s fast and fiery tempi, which reminded him of Toscanini’s (with Ania Dorfmann), was both musical and intense.
Note in the largo of the Beethoven’s concerto the delicacy of the dialog between the piano and the solo clarinettist of the NYPO, Robert Mc Ginnis.
Concerto n°1 BWV 1041: New York Town Hall – March 26, 1943 (Live) Lukas Foss, piano (continuo)
Concerto n°2 BWV 1042: New York Liederkranz Hall – May 25, 1942 Artur Balsam, piano (continuo)
Concerto for 2 Violins BWV 1043 (Frances Magnes, violin II): New York Liederkranz Hall – April 26 & May 3, 1945
Source: 33t. / LP: CBS Sony 20AC 1878
Ces enregistrements nous permettent de redécouvrir le style inimitable d’ Adolf Busch dans ces concertos.
Dans les mouvements rapides, il fait un abondant usage du staccato, ce qui, combiné avec son l’énergie de son jeu et de sa conduite de l’orchestre, apporte une tension et un rebond rythmique que l’on ne retrouvera à ce point que très longtemps plus tard avec Gidon Kremer, la majeure partie des interprétations, même des plus grands violonistes, s’en tenant à un legato en général bien décevant.
Dans les mouvements lents, son style fait également merveille, comme le rapportait à propos de l’Adagio du Concerto BWV 1042 dans le New York Times du 16 avril 1942 le critique Noel Straus après le concert du 15 avril donné un peu plus d’un mois avant cet enregistrement: « Une présentation plus noble et avec plus d’âme de ce mouvement est difficilement imaginable, ni une plus remarquable pour sa pureté et sa chaleur de son ».
Il est regrettable que Busch n’ait pas eu l’opportunité d’enregistrer en studio le concerto BWV 1041, mais une captation en public réalisée en 1943 au Town Hall de New York a été conservée. Même si elle a été réalisée sur des 78 tours à gravure directe, sa qualité technique est satisfaisante, nonobstant un niveau de distorsion élevé.
Quant aux deux autres enregistrements, ils proviennent de laques 33 tours 40cm, technique que Columbia utilisait systématiquement depuis 1939 pour archiver ses enregistrements, les matrices métalliques pour les disques 78 tours du commerce étant à l’époque gravées à partir de ces laques 33 tours.
Adolf Busch
Frances Magnes
These recordings allow us to rediscover Adolf Busch’s inimitable style in these concertos.
In the fast movements, he makes extensive use of staccato, which, in combination with the energy in his playing and in his conducting, brings a tension and a rhythmic bounce which will not be found again to that extend until much later with Gidon Kremer, most of the performances, even from the greatest violonists, relying on a generally disappointing legato.
In the slow movements, his style works wonders too, as was then observed about the Adagio of the concerto BWV 1042 in the April 16, 1942 issue of the New York Times by music critic Noel Straus after his April 15 concert given a little more than a month before this recording: « A more soulful, noble presentation of this movement is not easily imaginable, or one more remarkable for purity and warmth of tone ».
It is regrettable that Busch didn’t have the opportunity of making a studio recording of concerto BWV 1041, but a live recording made in 1943 at the Town Hall of New York has been preserved. Even if it was made on 78rpm ‘acetates’, its technical quality is satisfactory, notwithstanding a high distortion level.
As to the other two recordings, they are dubbed from 33rpm 16’’ lacquers, a technique which Columbia systematically used since 1939 for the masters of its recordings, the 78rpm metal parts for the commercial 78rpm shellacks being thereafter cut from these 33rpm lacquers.
Town Hall – New York